La peine de mort a été requise contre les trois Mauritaniens accusés d'avoir tué quatre touristes français fin 2007 dans le sud du pays. Les trois hommes, qui affirment être "des soldats d'Al-Qaïda", ont plaidé "non coupable".
AFP - La justice mauritanienne a requis lundi la peine de mort à l'encontre de trois Mauritaniens affiliés à Al-Qaïda, jugés pour l'assassinat en 2007 de quatre touristes français, un crime qu'ils nient avoir commis, tout en le justifiant clairement.
"Je demande à la cour de condamner ces trois personnes à la peine de mort, sans droit de pardon", a déclaré le procureur Yaghoub Ould Ahmed, désignant Sidi Ould Sidna, 22 ans, Maarouf Ould Haiba, 28 ans, et Mohamed Ould Chabarnou, 29 ans.
Tous trois sont accusés d'avoir attaqué, le 24 décembre 2007, un groupe de touristes français, près de la ville d'Aleg, dans le sud-est de la Mauritanie.
Quatre touristes -trois d'une même famille et un proche- avaient alors été tués froidement, sans qu'il y ait eu discussions entre les assaillants et leurs victimes. Un cinquième a survécu à ses blessures, mais ce septuagénaire a perdu, dans l'attaque, deux de ses fils, son frère et un ami.
A l'ouverture du procès à Nouakchott, dimanche, les trois jeunes gens ont revendiqué avec fierté leur appartenance à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Mais ils ont nié être les assassins des Français.
"Je n'ai pas tué mais j'avoue que cela aurait été un grand honneur pour moi si j'avais tué", a lancé Ould Maarouf Ould Haiba.
"Je suis soldat d'Al-Qaïda. Je le dis tout haut. J'ai même effectué des entraînements dans ses camps", a affirmé Sidi Ould Sidna, déjà jugé -et acquitté- en 2007 pour appartenance à un groupe terroriste.
Ayant fui la Mauritanie après l'assassinat des Français, il avait été arrêté le mois suivant en Guinée-Bissau.
Lundi, les défenseurs des trois jeunes gens ont plaidé l'acquittement, en contestant la valeur des aveux obtenus durant l'enquête. Il ne s'agit selon eux que de pseudo-confessions extorquées par des tortionnaires.
"Tous ces procès-verbaux sont frauduleux. Les aveux des accusés ont été arrachés sous la torture", a assuré l'avocat Zaïm Ould Ahmed Vall.
Le trio risque la peine de mort.
Cependant, cette peine n'a pas été appliquée en Mauritanie depuis plus de 20 ans. La dernière exécution remonte à 1987, à l'encontre de trois officiers condamnés pour tentative de coup d'Etat sous le régime de Maaouiya Ould Taya.
Au total, pour l'assassinat des Français, ce sont 12 hommes de nationalité mauritanienne qui sont jugés.
Le procureur a requis 12 ans d'emprisonnement à l'encontre de six d'entre eux, dont deux hommes en fuite et jugés par contumace.
Une peine de deux ans de prison a été demandée à l'encontre des trois autres.
L'assassinat des quatre touristes, à la veille de Noël 2007, avait marqué un tournant dans l'Histoire de la Mauritanie, pays d'Afrique de l'Ouest jusqu'alors réputé paisible et hospitalier. Quelques jours plus tard, le célèbre rallye Paris-Dakar avait été annulé, pour la première fois, à la veille de son départ.
Depuis, les autorités religieuses les plus influentes de la République islamique de Mauritanie ont maintes fois condamné l'assassinat, rappelant "l'interdiction totale de tuer la personne humaine" dans l'islam.
Mais la branche maghrébine d'Al-Qaïda a multiplié les attaques meurtrières et les enlèvements d'Occidentaux dans ce pays.
L'organisation a revendiqué l'assassinat en juin 2009 d'un Américain, abattu en plein jour à Nouakchott.
Aqmi négocie toujours les conditions de la libération de deux Espagnols, enlevés il y a six mois sur la route Nouadhibou-Nouakchott et qu'elle détiendrait dans le nord du Mali.