
Les deux chambres du Parlement allemand se sont prononcées en faveur de la participation de Berlin au plan mis en place par les dirigeants européens pour stabiliser la monnaie unique. L'Allemagne doit en être le premier contributeur.
REUTERS - Les deux chambres du Parlement allemand ont voté vendredi la loi autorisant la première économie de la zone euro à contribuer au mécanisme européen de stabilisation financière, malgré une forte hostilité de l'opinion publique sur le sujet.
Au Bundestag, la chambre basse du Parlement, le texte a recueilli 319 voix pour, 73 voix contre et 195 abstentions.
Dans le camps de l'opposition, le Parti social démocrate (SPD) et les Verts se sont abstenus, tandis que le parti socialiste Gauche s'est prononcé contre. Toutefois, les résultats suggèrent que plusieurs membres de la coalition au pouvoir n'ont pas soutenu le texte.
Le Bundesrat a ensuite voté le projet de loi à son tour et il ne manque plus désormais que la promulgation de la loi par le président allemand Horst Köhler.
La chancelière Angela Merkel, se déclarant très heureuse que le Parlement ait approuvé le projet de loi, a salué ce vote en estimant qu'il envoyait un signal fort de la "culture de la stabilité européenne".
Cette loi va permettre à l'Allemagne de contribuer à hauteur
de 148 milliards d'euros de garanties au mécanisme de 750 milliards d'euros au total défini il y a une dizaine de jourspar l'Union européenne avec le concours du Fonds monétaire international (FMI).
L'ensemble du plan de stabilisation s'appuie sur 440 milliards d'euros de garanties de la part des Etats européens auxquels s'ajoutent un fonds communautaire de 60 milliards d'euros, et 250 milliards d'euros de la part du FMI.
Le Parlement avait déjà voté il y a deux semaines une loiautorisant Berlin à participer à hauteur de 22,4 milliards d'euros au plan de sauvetage de la Grèce, doté de 110 milliards sur trois ans, un programme également très impopulaire en Allemagne.
TAXE SUR LES TRANSACTIONS FINANCIERES
Le SPD avait dit qu'il voterait en faveur du texte si et seulement si Berlin promettait de faire pression pour la mise en place d'une taxe sur les transactions financières.
Le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, a répondu qu'aucun Etat de l'UE ne souhaitait mettre en place une taxe sur les transactions financières de manière unilatérale et que cela ne serait possible qu'avec un accord au niveau international.
On peut cependant être très sceptique quant à la possibilité de mettre en place une taxe au niveau mondial, a dit le ministre, ajoutant néanmoins que l'UE, voire la zone euro, pourrait introduire une telle taxe si nécessaire.
Lors du débat parlementaire, le chef de file du SPD, Sigmar Gabriel, a d'ailleurs accusé Angela Merkel de perdre toute crédibilité, notamment sur la question de la taxation des transactions financières.
Horst Seehofer, pourtant membre du parti conservateur auquel appartient la chancelière, s'est plaint au journal Süddeutsche Zeitung du manque de clarté du gouvernement sur le sujet.
MERKEL ATTAQUÉE
La chancelière et le ministre des Finances ont dû faire face à une opinion publique allemande opposée à un soutien financier des Etats les plus faibles de la zone euro.
Angela Merkel et Wolfgang Schäuble ont défendu le plan européen en faisant valoir que ce mécanisme était vital pour la défense de l'euro, que la chancelière allemande a estimé mercredi "en danger".
"Nous faisons cela dans notre intérêt national (...) La monnaie unique européenne a été un atout important pour l'Allemagne", a déclaré Wolfgang Schäuble dans un discours passionné prononcé au Bundestag avant le vote.
"Près des deux tiers des exportations (allemandes) sont à destination des pays membres de la zone euro. Sans l'euro, nous aurions une économie beaucoup plus faible, une Allemagne beaucoup plus faible et un système de sécurité sociale beaucoup plus faible", a-t-il dit sous des applaudissements nourris.
L'Allemagne a une responsabilité dans la garantie de la stabilité de l'euro, le Pacte de stabilité et de croissance doit être renforcé et l'on doit s'attaquer aux racines de la crise de la zone euro, à savoir les déficits, a-t-il ajouté.