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Le document élaboré en neuf jours est présenté comme "historique". Il inclut une réforme du secteur bancaire avec notamment un impôt sur les banques. David Cameron et Nick Clegg s'estiment renforcés par les compromis établis.

AFP - Le Premier ministre britannique David Cameron et son numéro deux Nick Clegg ont fait une démonstration d'unité jeudi en dévoilant le programme de leur gouvernement de coalition, somme de compromis entre promesses électorales des partis conservateurs et libéraux-démocrates.

Le document de 34 pages qualifié d'"historique" a fait l'objet d'une présentation emphatique au Trésor, avec le renfort des ministres des Finances George Osborne, du Commerce Vince Cable et de l'Intérieur Theresa May, mais ne comporte pas de surprise.

David Cameron, a admis que les deux partis avaient été contraints de sacrifier des points de leur programme électoral afin d'aboutir à un accord.

"Certaines politiques ont été perdues des deux côtés, certaines ont été modifiées, et nous devons encore trouver un moyen de traiter les questions sur lesquelles nous sommes en profond désaccord".

"Mais ces compromis ont renforcé et non affaibli le résultat final", a insisté le Premier ministre.

Les principales mesures incluent une réforme du secteur des banques pour éviter une répétition de la crise bancaire. L'introduction d'un impôt sur les banques, l'établissement d'une commission indépendante pour examiner une séparation des activités de banque de détail et d'investissement, et un projet visant à confier à la Banque d'Angleterre la surveillance des banques et autres institutions financières sont ainsi prévus.

Sur l'Europe, sujet de désaccord majeur entre libéraux-démocrates et Tories, le gouvernement promet de jouer un rôle de premier plan dans l'Union européenne, mais souligne qu'aucun nouveau pouvoir ne pourra être dévolu à Bruxelles à l'avenir, sans un référendum préalable au Royaume-Uni. Le gouvernement confirme que la Grande-Bretagne ne considérera pas une adhésion à l'euro lors de la législature en cours, malgré les demandes initiales des Lib Dems qui souhaitent considérer cette éventualité en temps voulu.

Dans le domaine de la politique étrangère, Londres s'engage à soutenir ses forces en Afghanistan et ailleurs, à promouvoir la paix au Proche-Orient par le biais d'un Etat d'Israël "reconnu de façon universelle" et d'un "Etat palestinien souverain et stable". Le gouvernement britannique veut aussi une "relation spéciale" avec l'Inde et construire "une relation forte, proche et franche avec les Etats-Unis".

Londres devrait également rechercher une relation plus étroite avec la Chine tout en "restant ferme" sur les droits de l'Homme.

Mais ce sont les domaines sur lesquels les deux partis n'ont pas réussi à se mettre s'accord qui seront les plus surveillés, afin de déceler d'éventuelles failles dans la coalition.

Le sort de la loi sur les droits de l'Homme, qui traduit en droit britannique la Convention européenne des droits de l'Homme, n'a pas été tranché. Les Tories souhaitaient la révocation de cette loi au profit d'un "Bill of rights" spécifiquement britannique.

Les Lib Dems et les Tories n'ont pas encore trouvé de terrain d'entente sur la séparation des activités des banques, voulue par les Lib-Dems, ni sur le régime d'imposition avantageux des non résidents en Grande-Bretagne, que les Lib Dems aimeraient voir payer autant de taxes que les Britanniques.

Les programmes électoraux éloignés sur bien des points des deux partis qui se sont alliés dans un gouvernement de coalition, après les législatives du 6 mai, mettant fin à 13 de gouvernement Labour, ont suscité des interrogations quant à la viabilité d'une telle alliance.

Plusieurs journaux soulignaient ainsi jeudi les contradictions et les lacunes dans la présentation faite la veille par Nick Clegg d'une vaste réforme politique sur les libertés civiles et une réforme du mode de scrutin.