Des membres des forces de sécurité malgaches et de la Force d'intervention de la gendarmerie nationale ont échangé des coups de feu, à proximité du centre d'Antananarivo. Un mort, au moins, est à déplorer.
AFP - La tension est brutalement remontée jeudi à Madagascar où une fusillade entre mutins du corps d'élite de la gendarmerie et forces de sécurité loyales au régime en place a fait un mort et cinq blessés, au coeur de la capitale.
La fusillade a éclaté vers 10H45 (07H45 GMT) lorsque les forces de sécurité (armée et gendarmerie) sont allés démanteler les barrages d'éléments de la Force d'intervention de la gendarmerie nationale (FIGN). Ces derniers avaient entamé mercredi soir un mouvement de protestation, notamment contre leur hiérarchie.
Les échanges de tirs, intenses pendant une heure, avaient nettement diminué vers midi. Les mutins contrôlaient les abords immédiats de leur caserne et faisaient face aux forces de sécurité, a constaté un journaliste de l'AFP
"Il y a un mort et cinq blessés, tous par balle", a déclaré le commandant des opérations contre les mutins, le colonel Richard Ravalomanana, de l'état-major mixte opérationnel régional.
Le mort est un gendarme des forces de sécurité chargées de déloger les mutins regroupés près de leur caserne de Fort Duchesne, sur une colline située à environ 2 km du centre-ville.
Trois civils et deux membres des forces de sécurité sous son commandement ont été blessés, a précisé le colonel.
Selon lui, des "négociations par téléphone" avaient lieu entre les mutins d'un côté et le Premier ministre Camille Vital et le chef d'état-major le général André Andrianarijaona de l'autre.
Des éléments des FIGN avaient mercredi soir érigé des barrages filtrants à proximité de leur caserne.
La revendication principale des mutins porte sur une affaire d'argent au sein de la gendarmerie.
Le président évincé Marc Ravalomanana a reconnu publiquement avoir versé 500 millions d'ariary (près de 190.000 euros) début 2009 à la hiérarchie de la gendarmerie. M. Ravalomanana était alors confronté au mouvement populaire de son rival Andry Rajoelina qui devait conduire à sa destitution.
Les mutins reprochent à leur ancien numéro 2, le général Bruno Razafindrakoto, devenu commandant de la gendarmerie nationale peu après la prise du pouvoir par M. Rajoelina (mars 2009), de ne pas avoir redistribué cet argent.
Par ailleurs, les mutins entendaient assurer la protection jeudi à proximité de leur caserne d'un rassemblement interdit du "Mouvement des ecclésiastiques", de pasteurs protestants favorables à Ravalomanana.
Madagascar est plongée dans une crise depuis fin 2008. Elle a conduit à l'éviction en mars 2009 de M. Ravalomanana et à son remplacement par M. Rajoelina, alors soutenu par l'armée.
Début mai, M. Rajoelina n'a pu obtenir un soutien clair des forces de sécurité pour mettre en place un gouvernement "neutre" accordant plusieurs postes à des militaires.