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La rigueur, la solution ?

Plusieurs pays de la zone euro multiplient les mesures destinées à réduire leurs déficits abyssaux. Au risque de susciter grogne et incompréhension au sein de la population...

Le Premier ministre français, François Fillon, a beau marteler que l'État ne prépare aucun plan de rigueur, ces compatriotes pensent le contraire. A en croire le sondage Opinionway-Le Figaro paru le 15 mai, 64 % d’entre eux estiment que ''la politique menée par le gouvernement est une politique de rigueur''.

Une impression qui unit les Français au-delà de leur sensibilité politique : 68 % de ceux qui ont voté pour la socialiste Ségolène Royal à l’élection présidentielle de 2007 et 62 % des partisans de Nicolas Sarkozy partagent le même avis.

Pourquoi le gouvernement s’entête-t-il alors à refuser d’employer le terme de rigueur pour qualifier le gel des dépenses de l’État pendant trois ans ? ''La rigueur, c’est quand on réduit les dépenses et qu’on augmente les impôts, explique François Fillon. Nous, nous avons choisi […] de réduire la pression fiscale lorsque c’était possible […] et de diminuer les dépenses publiques."

Un mot qui fait peur

Au-delà de la politique, c’est la sémantique qui ne passe pas. Le mot ''rigueur'' rappelle de mauvais souvenirs. Le terme a été employé par les gouvernements Raymond Barre en 1976, Pierre Mauroy en 1983 - le fameux ''tournant de la rigueur'' - et Alain Juppé en 1995. Leur point commun ? Une défaite aux élections qui ont suivi. À l’heure où la présidentielle de 2012 est sur toutes les lèvres, le gouvernement ne veut donc prendre aucun risque…

Mais pour Bruno Jeanbart, directeur général adjoint d’Opinionway, ce débat n’a pas vraiment de sens. ''Les politiques craignent qu’en disant 'rigueur' les gens consomment moins, observe-t-il. Cela prouve le décalage qui existe entre eux et la réalité vécue par les Français. Chacun consomme selon ses revenus actuels, pas selon le mot employé pour désigner la situation.''

Selon le sondeur, les Français estiment que les mesures de réduction des dépenses ''n’ont pas commencé avec la crise, mais depuis une dizaine d’années''. Pour Opinionway, un tiers des Français pense que le pire de la crise et de l’impact sur la vie quotidienne reste à venir.