, envoyée spéciale à Cannes – Bertrand Tavernier (voir la vidéo de son interview, ci-contre) revient dans la compétition officielle à Cannes avec une relecture de la nouvelle de Madame de Lafayette, "La Princesse de Montpensier", portée par une pléiade de jeunes acteurs.
Il y a 20 ans, son film "Daddy Nostalgie" raflait la Palme d’Or. Cette année, Bertrand Tavernier revient dans la compétition officielle dans un tout autre registre : une relecture de la nouvelle de Madame de Lafayette, "La Princesse de Montpensier". La trame - une passion amoureuse entre le jeune duc de Guise (Gaspard Ulliel) et Marie de Mézières (Mélanie Laurent), contrainte d’épouser le prince de Montpensier (Grégoire Leprince-Ringuet) - n'a pas changé. Au milieu d’un pays ébranlé par les guerres de religions, la jeune comtesse se retrouve délaissée coup sur coup par son mari légitime et par celui dont elle est éprise. Elle se remet alors entre les mains du comte de Chabannes (Lambert Wilson), qui parfait son éducation.
Quelques dizaines d’années après "Que la fête commence" (1975) dont l’action se passe au XVIIIe siècle, Bertrand Tavernier reprend les canons du film d’époque. Costumes, châteaux-forts, bataille d’épées et servantes complices… : tous les ingrédients du genre sont présents ; un cliché que le réalisateur a pourtant voulu éviter, arguant qu’il ne voulait pas "reconstituer une époque mais capter son âme". Pourtant, musique tambourinante (quoique contemporaine, créée pour l’occasion par Alain Sarde) accompagnant des cavaliers en selle, l'épée à bout de bras : nous y sommes bel et bien.
Le règne pesant et sanglant de Charles IX se trouve toutefois allégé par les performances d’acteurs à peine trentenaires, qui campent avec succès leurs personnages sous de lourdes armures pour les uns, sous des bustiers étouffants pour les autres.
Peau claire, visage poupon et cheveux blonds et longs, Mélanie Thierry (en Marie de Mézières) renverse le cœur de tous les hommes qu’elle croise dans le film, et certainement ailleurs. Gaspard Ulliel, dont on a déjà pu avoir une idée du talent dans "Le pacte des loups" (2001) ou encore " Un long dimanche de fiançailles" (2004), confirme son habilité à passer d’un rôle à l'autre. Sous la direction de Bertrand Tavernier, il est "le balafré", un comte beau, ténébreux et intrépide, qui n’a de cesse de nous étonner.
La plus agréable surprise est sûrement la prestation livrée par Grégoire Leprince-Ringuet. L’acteur de 23 ans qui semblait si à l’aise dans l’univers doux et poétique de Christophe Honoré ("Les chansons d'amour", 2007), s’illustre ici en mari jaloux, combatif et vaillant. Un autre nouveau nom à retenir est celui de Raphaël Personnaz. Si sa filmographie reste maigre jusqu’à présent, son rôle de duc d’Anjou arbitraire devrait lui permettre de multiplier les tournages…