À l'occasion de la visite d'Hamid Karzaï aux États-Unis, Barack Obama, qui souhaite rapatrier les soldats américains déployés en Afghanistan d'ici à juillet 2011, a prévenu qu'il s'attendait à de violents combats dans les prochains mois.
REUTERS - Le président américain, Barack Obama, et son homologue afghan, Hamid Karzaï, ont présenté un front uni mercredi prenant soin de laisser leurs différends de côté alors que doit débuter l’an pochain le retrait des forces américaines en Afghanistan.
L’administration américaine, renonçant à son discours musclé des derniers mois à l’encontre de Karzaï, a réservé un traitement de choix au chef d’Etat afghan au quatrième jour d’une visite aux Etats-Unis qui intervient à un moment crucial, neuf ans après le début de l’intervention alliée.
La rencontre à la Maison blanche était tout autant destinée à rassurer Karzaï sur l’engagement des Etats-Unis en Afghanistan qu’à convaincre l’opinion publique et le Congrès américain du bien-fondé d’une guerre de plus en plus impopulaire.
Lors d’une conférence de presse commune, Obama a minimisé les tensions de ces derniers mois avec Karzaï, illustrées par les critiques publiques de Washington à l’encontre de Kaboul, accusé de fermer les yeux sur la corruption, et la colère en retour du président afghan contre les alliés occidentaux.
« Je suis confiant dans notre capacité à achever notre mission. Il va y avoir des revers, il va y avoir des moments où le gouvernement afghan et le gouvernement américain auront des désaccords tactiques mais je pense que notre approche est de manière générale commune », a déclaré Obama à la presse.
Même si les soupçons de la Maison blanche sur la corruption ou la fiabilité de Karzaï demeurent, l’administration américaine fait désormais en sorte d’exprimer ses réserves en privé et de témoigner davantage de respect à l’endroit du président afghan en public.
"Briser l’élan de l’insurrection"
Le président américain a dit qu’il avait bon espoir que le rapatriement des militaires américains pourrait débuter en juillet 2011, comme prévu, mais qu’il s’attendait à des combats acharnés dans les prochains mois alors que se prépare une vaste offensive dans le bastion taliban de Kandahar.
“Nous avons commencé à briser l’élan de l’insurrection”, a déclaré Obama, qualifiant l’avancée des alliés de lente mais régulière. Il a ajouté que les forces sous commandement américain feraient tout leur possible pour éviter des pertes civiles.
L’organisation d’une conférence de presse commune est un privilège réservé aux plus fidèles alliés des Etats-Unis. Les deux présidents, souriants, ont paru plus à l’aise que lors de leurs précédentes rencontres.
Barack Obama a ajouté que les Etats-Unis soutenaient la décision des autorités afghanes de tendre la main aux taliban qui renoncent à la violence et à leurs liens avec al Qaïda.
Cherchant à rassurer Karzaï, le chef de la Maison blanche a clairement fait savoir que les Etats-Unis continueraient à soutenir l’Afghanistan longtemps après le retrait des soldats.
De nombreux Afghans doutent de l’engagement à long terme de Washington, se souvenant de la manière dont les Etats-Unis leur ont tourné le dos après le retrait soviétique en 1989.
Obama a par ailleurs dit s’être entretenu avec le nouveau Premier ministre britannique, David Cameron, qui a réaffirmé l’adhésion de son pays à la stratégie américaine en Afghanistan.
Après sa rencontre à la Maison blanche, Karzaï s’est rendu au Congrès pour rassurer les élus américains sur son bilan, affirmant que “la lutte contre la corruption est un sujet sur lequel nous agissons chaque jour”.
Le chef de file des sénateurs démocrates, Harry Reid, a exhorté le gouvernement afghan à faire des progrès dans la lutte contre le terrorisme pour que les Etats-Unis continuent de financer l’effort de guerre.
“Je réaffirme aussi mon inquiétude de longue date concernant les droits des femmes en Afghanistan”, a-t-il dit.
Le sénateur républicain John McCain, ancien rival d’Obama dans la course à la Maison blanche, a déclaré pour sa part que Karzaï avait gagné en expérience et qu’il était désormais un “bon dirigeant”.