Plombées par les craintes d'une propagation de la crise grecque, les Bourses ont ouvert en baisse. Soucieux de garantir la stabilité de la zone euro, les pays européens ont annoncé la tenue d'un sommet extraordinaire le 10 mai à Bruxelles.
AFP - Les dirigeants européens s'apprêtent enfin à aider la Grèce après plusieurs mois de tergiversations liées aux réticences de l'Allemagne et au caractère inédit d'une situation jamais envisagée au moment de la création de la zone euro.
Le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, a confirmé mercredi vouloir convoquer un sommet des chefs d'Etat ou de gouvernement de la zone euro, sans doute le 10 mai, pour approuver le versement à Athènes du montant du programme de prêts.
Il s'agira d'activer le plan d'aide sur trois ans à la Grèce, passant par des prêts de 30
itmilliards d'euros des pays de la zone euro pour 2010, et de quelque 15 milliards d'euros du FMI, après confirmation par la Commission européenne et la BCE du fait que la requête d'Athènes est justifiée.
Une telle réunion de la zone euro au plus haut niveau devrait se dérouler à temps pour le gouvernement grec, avant la date-butoir du 19 mai pour le remboursement d'un emprunt de neuf milliards d'euros.
Elle est cependant jugée tardive par beaucoup, et intervient après un processus laborieux.
Alors que la crise grecque a éclaté en novembre, quand la Grèce a revu brutalement à la hausse ses chiffres de déficit pour 2009, les Européens ont attendu un sommet le 11 février pour promettre leur solidarité à Athènes.
Et depuis, plusieurs mois se sont encore écoulés.
Il a fallu un second sommet, le 25 mars, pour préciser la forme que prendrait une aide, puis une réunion des ministres des Finances le 11 avril pour définir le montant total de l'aide et le niveau des taux d'intérêt.
"La gestion a été catastrophique" car l'Europe a beaucoup trop tardé à promettre son aide, a estimé mercredi le chef de file des Verts au Parlement européen, Daniel Cohn-Bendit, dans des déclarations à l'AFP.
Il juge désormais, comme d'autres, "inévitable" un rééchelonnement de la dette du pays en raison du temps perdu.
Au cours des derniers mois, les taux d'intérêt auxquels la Grèce doit emprunter sur les marchés n'ont en effet cessé d'augmenter, atteignant des niveaux à présent stratosphériques qui empêchent le pays de se refinancer et risquent de rendre la facture plus lourde pour tout le monde.
En cause d'abord pour expliquer la lenteur européenne : les réticences de l'Allemagne à l'idée même d'aider la Grèce.
La chancelière allemande Angela Merkel, confrontée à une opinion publique majoritairement hostile à "payer" pour un pays ayant maquillé ses chiffres de déficits, n'a cessé de traîner des pieds en réclamant des conditions strictes.
Sa fermeté s'explique aussi par l'approche d'une élection régionale cruciale pour son parti le 9 mai en Rhénanie du Nord-Westphalie.
"Que l'on jette en priorité un regard de politique intérieure sur les questions européennes au lieu d'un regard européen sur les affaires de politique intérieure, cela me préoccupe", lui a récemment lancé le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker.
Une décision de la zone euro le 10 mai lui permettra d'avoir derrière elle cette élection, et d'achever par ailleurs la procédure qui doit permettre à son Parlement d'approuver le versement de l'aide de l'Allemagne.
"Il faut attendre le 10 mai, pour ménager la chancelière Angela Merkel", a commenté une source diplomatique européenne.
Mais les Européens ont tardé aussi car ils n'avaient pas prévu pareil cas de figure dans la boîte à outils de la zone euro, qui en principe proscrit tout sauvetage d'un pays membre.
L'Allemagne et d'autres pays très attachés à la discipline budgétaire avaient en effet refusé, au moment de la création de l'Union monétaire en 1999, d'autoriser dans les traités des mécanismes d'entraide financière, qui auraient pu constituer un encouragement aux pays trop laxistes.