Un tribunal égyptien a condamné 26 hommes accusés d'avoir préparé des attentats et d'entretenir des liens avec le Hezbollah libanais. Vingt-deux inculpés avaient été arrêtés entre fin 2008 et début 2009, les quatre autres sont toujours en fuite.
AFP - Un tribunal d'exception égyptien a condamné mercredi à des peines de prison 26 membres d'une "cellule du Hezbollah", accusée d'avoir projeté des attentats en Egypte pour le compte du mouvement chiite libanais, sans aller jusqu'à la peine capitale invoquée par le Parquet.
L'affaire avait tendu les relations déjà difficiles entre l'Egypte et l'Iran, un solide allié du Hezbollah, Le Caire accusant Téhéran d'utiliser le mouvement, qui participe au gouvernement libanais, pour prendre pied sur son territoire.
Les 26 hommes -deux Libanais, cinq Palestiniens, un Soudanais et 18 Egyptiens- ont été inculpés pour avoir projeté des assassinats et planifié des attentats contre des sites touristiques égyptiens et des navires empruntant le canal de Suez pour le compte du Hezbollah.
Vingt-deux accusés avaient été arrêtés fin 2008 et en janvier 2009, les quatre autres étant toujours en fuite.
Lors de l'audience ouverte aux médias, la cour de sûreté de l'Etat a condamné par contumace le cerveau présumé de la cellule, le Libanais Mohammed Qabalane, à la réclusion à perpétuité, de même que deux inculpés également en fuite. Le quatrième inculpé toujours recherché a écopé de dix ans.
Un commandant de la cellule, Mohammed Youssef Mansour alias Sami Chihab, et deux autres accusés ont été condamnés à 15 ans de prison par ce tribunal d'exception. Le reste des accusés a reçu des peines allant de six mois à dix ans de réclusion.
Les 22 accusés présents dans le box ont crié "Allahou Akbar" (Allah est grand) à l'énoncé du verdict.
En janvier, le procureur avait demandé lors de son réquisitoire l'application de "la peine maximale contre les accusés" qui, selon l'acte d'accusation, est la peine capitale.
A l'extérieur du tribunal, les familles des accusés, choquées, ont fondu en larmes après le verdict, criant "Dieu est notre défenseur".
"Je jure qu'il n'a rien fait", criait la mère de l'un d'eux.
"Il s'agit d'un procès politique devant une cour qui ne garantit pas la justice", a estimé l'avocat Abdel Moneim Abdel Maqsoud. Les cours d'exception en Egypte ne permettent pas de faire appel, le seul recours étant la grâce présidentielle.
Dans un communiqué, la cour a affirmé que "le but du Hezbollah était de frapper l'économie égyptienne et de propager le chaos. Fabriquer des explosifs est-il (un signe de soutien) à la cause palestinienne? Soutenir la cause palestinienne se fait-il par le biais de la location de biens immobiliers donnant sur le canal de Suez et viser ce dernier?"
En octobre 2009, deux mois après l'ouverture du procès, Mohammed Youssef Mansour avait dit à l'AFP, durant une suspension d'audience, avoir été "brutalement torturé" de même que les autres accusés. "J'ai été électrocuté et battu".
Il y a un an, le ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit avait accusé l'Iran d'utiliser le Hezbollah "pour être présent en Egypte et pour dire aux Egyptiens: nous sommes là".
"L'Iran, et les partisans de l'Iran dans cette région, veulent transformer l'Egypte en demoiselle d'honneur de la reine iranienne couronnée quand cette dernière fera son entrée au Moyen-Orient", avait-il ajouté.
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait reconnu que Mansour était bien membre de son mouvement mais qu'il se trouvait en Egypte en "mission logistique" afin de faire parvenir du matériel militaire aux Palestiniens de Gaza.