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Balladur s'est expliqué devant la mission parlementaire sur les attentats de Karachi

L'ex-Premier ministre Édouard Balladur s'est expliqué, lors d'une audition à huis clos, sur les allégations du quotidien "Libération" et du site Médiapart faisant état d'un financement présumé illégal de sa campagne présidentielle en 1995.

Un dossier vieux de deux décennies

1992 - La Direction des constructions navales (DCN) charge la Société française de matériel d’armement (Sofma) de décrocher un contrat de vente de sous-marins Agosta au Pakistan.

Juillet 1994 - Le gouvernement français impose à la DCN un autre intermédiaire chargé de décrocher le contrat, Mercor Finance, contrôlé par deux hommes d’affaires libanais.

Septembre 1994 - Signature du contrat de vente des sous-marins entre la France et le Pakistan pour un montant de 5,41 milliards de francs.

Avril 1995 - Edouard Balladur perd au premier tour de l’élection présidentielle. Élection de Jacques Chirac.

Juillet 1996 - Soupçonnant que les commissions versées à Mercor Finance pour décrocher le contrat aient, en fait, servi à financer des rétrocommissions, Jacques Chirac en fait arrêter le versement.

1999 - Coup d’État au Pakistan. Le général Pervez Musharraf prend le pouvoir.

8 mai 2002 - Attentat de Karachi. Quatorze salariés de la DCN - dont 11 Français - trouvent la mort.

Juin 2009 - Après sept ans d’instruction, les juges en charge de l’enquête sur l’attentat de Karachi abandonnent la piste Al-Qaïda et soupçonnent le Pakistan d’avoir voulu punir la France de ne pas avoir versé les commissions promises à différents intermédiaires lors de la signature du contrat de vente des sous-marins.

Février 2010 - Une enquête de police est ouverte après le dépôt d’une plainte des familles des victimes de l’attentat de Karachi pour "corruption, faux témoignage et entrave à la justice". 

Juillet 2011
- L’étau se resserre autour d’Édouard Balladur, soupçonné d’avoir financé sa campagne présidentielle de 1995 grâce aux rétrocommissions versées lors de la vente d’armes au Pakistan. Deux de ses anciens proches collaborateurs sont longuement entendus par les juges d’instruction pour déterminer la provenance des 20 millions de francs (3 millions d’euros) en liquide utilisés pour financer sa campagne électorale.

14 septembre 2011 - Ziad Takieddine, intermédiaire présumé dans la vente d’armes au Pakistan et suspecté d’avoir versé des rétrocommissions, est mis en examen pour complicité d’abus de bien sociaux.

21 septembre 2011 - Thierry Gaubert, proche de Nicolas Sarkozy, est mis en examen pour abus de biens sociaux. Il est accusé, suite aux révélations de son ex-femme, Hélène de Yougoslavie, d’avoir convoyé des valises d’argent de Suisse jusqu’en France. L’argent aurait servi à financer la campagne d'Édouard Balladur, en 1995.

22 septembre 2011 - Un autre proche de Nicolas Sarkozy est mis en examen, dans le sillage des révélations de l’ex-femme de Thierry Gaubert. Il est soupçonné d’avoir réceptionné les valises d’argent en provenance de Suisse.

AFP - Edouard Balladur a été entendu mercredi matin par la mission d'information parlementaire sur l'attentat de Karachi en 2002 après avoir demandé à l'être suite aux révélations de Libération sur un financement présumé illégal de sa campagne présidentielle de 1995,.

L'audition qui se tenait à huis clos a duré environ une heure et quart dans une annexe de l'Assemblée nationale. L'ancien Premier ministre (1993-95) en est sorti installé à l'arrière d'une voiture sans faire aucune déclaration aux journalistes qui le guettaient, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le président de la mission, le député UMP Yves Fromion, avait déclaré mardi que M. Balladur avait "lui-même demandé à être entendu".

Mardi, l'avocat des familles de victimes de l'attentat de Karachi, Me Olivier Morice, avait accusé M. Balladur de mentir et annoncé qu'il demanderait aussi son audition, mais devant le juge d'instruction antiterroriste chargé de l'enquête, Marc Trévidic.

Selon Libération, la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995 aurait reçu 10 millions de francs (1,5 million d'euros) en espèces provenant de rétro-commissions occultes liées à la vente de sous-marins français au Pakistan.

La justice antiterroriste française enquête sur un attentat qui avait causé en 2002 à Karachi la mort de 11 Français travaillant pour la Direction de la construction navale (DCN) qui avaient vendu ces sous-marins. L'hypothèse d'une vengeance liée au non-versement de commissions promises dans le cadre du contrat signé par la DCN a été évoquée.