Les Etats ont à peine sorti la tête de l'eau après la crise financière, qu'une nouvelle bulle se profile à l'horizon : celle des dettes publiques. Certains Etats font craindre des cas de faillites comme autrefois pour la Russie ou l'Argentine et aujourd’hui…la Grèce. Alors, les marchés mènent-ils une guerre économique aux Etats ? Après la Grèce, le Portugal, l’Italie et l’Espagne se sentent menacés. Et comment l’Etat français gère t-il sa dette ?
Pour boucler leur budget, les Etats doivent, comme les entreprises, émettre des obligations. En France c’est l'Agence France Trésor (AFT) qui est chargée de gérer la dette. 18 banques conseillent et assistent l’AFT sur sa politique d’émission et de gestion de la dette. Elles sont également habilitées à participer aux achats de titres. On les appelle les (SVT) spécialistes en valeur du Trésor. Le calendrier est réglé comme une horloge. Le premier et le troisième jeudi du mois, c’est le jour des adjudications -c'est à dire des enchères- sur le long et le moyen terme. Tous les lundis après midi, la salle des marchés est en effervescence, pour les enchères sur le court terme.
Selon Philippe Mills, directeur de l’AFT, la dette française jouit d’une excellente réputation. La signature de l’Etat français est parmi les mieux notées par les agences de notations et les investisseurs. Ils la considèrent comme étant une des dettes les plus sûres au monde. Celle-ci, particulièrement convoitée par les investisseurs étrangers, est détenue à un tiers par des français, un autre tiers par des investisseurs de la zone euro, et enfin un dernier tiers par des acteurs situés en dehors de la zone euro, essentiellement en Asie et au Moyen-Orient.
Parmi les gros clients de l’AFT, la banque Barclay's Capital, présente sur tous les grands marchés internationaux. Raoul Salomon, chef économiste se félicite des bénéfices qu’elle enregistre sur le secteur des dettes publiques. Il déplore pourtant l’utilisation massive de crédit qui pourrait provoquer à terme un effondrement du système. Et s’étonne que les Etats poussent les banques à acheter des obligations publiques. Le FMI vient d’ailleurs d’alerter l’opinion sur les risques liés aux dettes des États. Les marchés contre l’Etat ? Jacques Delpla, l’invité du Journal de l’Intelligence économique refuse d’aller sur ce terrain et préfère pousser les Etats à constitutionnaliser l’interdiction des déficits.