
Pressés par les compagnies aériennes, dont les pertes atteignent 150 millions d'euros par jour, et qui jugent excessives les restrictions de vols, les ministres européens des Transports se réunissent cet après-midi.
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Depuis jeudi et l'éruption du volcan Eyjafjöll au sud de l'Islande, un nuage de cendres volcaniques balaie l'espace aérien d'une trentaine de pays européens. Des mesures exceptionnelles de fermetures totales ou de restrictions partielles sont, depuis, en vigueur et évoluent en fonction du nuage, dont le flux de cendres pourrait endommager les réacteurs des appareils en vol.
Au cinquième jour de la paralysie du trafic aérien européen, les ministres des Transports de l’Union européenne se sont réunis lundi après-midi, pour décider de la faisabilité de la reprise des vols.
Face à la grogne des compagnies aériennes, l'Union européenne s'est dit prête, lundi, à autoriser les États à verser des aides exceptionnelles, a déclaré le commissaire à la Concurrence, Joaquin Almunia. Mais pour autant la reprise des vols sera conditionnée par "la sécurité" des passagers, a déclaré de son côté la présidence tournante espagnole de l'Union européenne.
Conséquence des avions cloués au sol, quelque 6,8 millions de passagers sont bloqués dans 313 aéroports à travers le monde, selon l'organisation professionnelle des aéroports Airports Council International (ACI). Dimanche, le secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau, a estimé qu'environ 150 000 voyageurs français étaient coincés à l'étranger.
Lundi, une nouvelle journée noire se dessine dans plusieurs pays européens, alors que l'Organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne, Eurocontrol, estime que seulement 30 % des vols devraient être assurés en Europe. Soit moins de 9 000 sur les 28 000 prévus.
En France, les aéroports situés au nord d'une ligne Bordeaux-Nice devraient rester fermés jusqu'à mardi 8h (6h GMT+2).
Un impact économique pire que le 11 septembre
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Cette paralysie coûte près de 150 millions d'euros aux compagnies aériennes par jour, estime l'Association internationale du transport aérien, et affecte autant les voyageurs que le transit international des marchandises.
"L'impact économique sera plus sévère que celui du 11 septembre 2001 sur le transport aérien", a déclaré, ce lundi, Giovanni Bisignani, le directeur général de l'Association internationale du transport aérien (IATA).
Lundi matin, les cours des grandes compagnies aériennes européennes, dont Air France-KLM et le gestionnaire des aéroports parisiens ADP, chutaient de 4 % à 5 %.
L'Europe accusée d'excès de précaution
La principale association des compagnies aériennes européennes (AEA) et celle des gestionnaires d'aéroports (ACI) ont demandé, dimanche, une "réévaluation immédiate" des restrictions de vols, jugées excessives. L'association IATA a exprimé, ce lundi, son "insatisfaction" sur la gestion de la crise et demandé l'ouverture d'"au moins quelques couloirs" aériens.
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La situation n'est "pas supportable", s'est inquiété dimanche le commissaire européen aux Transports, Sliim Kallas, affirmant son espoir de voir 50 % de l'espace aérien sans danger pour les vols ce lundi.
Une attaque également menée par le ministre néerlandais des Transports, Camiel Eurlings, qui a jugé dimanche la réponse de l'Europe trop sévère, rappelant que les États-Unis n'avaient pas fermé leur espace lors d'éruptions similaires dans le passé.
Sur FRANCE 24, le chef adjoint des opérations d'Eurocontrol affirme, cependant, que les règles de l'organisation internationale de l'aviation civile "sont interprétées de manière plus rigoureuse en Europe qu'aux États-Unis".
La situation en France
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En France, une cellule de crise mise en place par le gouvernement avec les professionnels de l'aviation s'est déjà réunie plusieurs fois samedi et dimanche au ministère de l'Ecologie. Un groupe de travail doit également se réunir en début de semaine à Bercy afin d’évaluer les conséquences économiques de cette paralysie. Le Medef, l'organisation patronale française a, d'ailleurs, mis sur pied une cellule de crise.
Les voyageurs privés d'avion s'organisent et certains utilisent les reroutages proposés par les compagnies. Ainsi depuis l'aéroport de Roissy, Air France a affrété, lundi matin, "une dizaine de bus en direction de l'aéroport de Toulouse", explique Marion Gaudin, envoyée spéciale de FRANCE 24 sur place.
Dimanche, la SNCF a annoncé que 8 000 places supplémentaires pour des trains vers l'international seraient proposées.
Pendant ce temps, le panache de cendres de l'éruption du volcan Eyjafjöll s'est abaissé à environ 2 000 mètres, ont annoncé les services météorologiques de l'île. Plusieurs experts affirment que l'éruption pourrait durer des semaines.
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