Les observateurs de l'Union européenne et de la Fondation Carter ont affirmé avoir constaté de nombreuses irrégularités et restrictions de libertés, qui ont entravé le bon déroulement des élections générales, entre le 11 et le 15 avril.
AFP - Les élections soudanaises, qui devraient reconduire au pouvoir le président Omar el-Béchir, n'ont pas répondu aux "normes internationales", ont affirmé samedi les observateurs internationaux de la Fondation Carter et de l'Union européenne.
Toutefois, l'ancien président américain Jimmy Carter a estimé que "la majeure partie de la communauté internationale (...) accepterait le résultat" de ces premières élections multipartites en 24 ans, la mission de l'UE jugeant qu'elles ouvraient la perspective d'une "transformation démocratique".
"Ces élections n'ont pas répondu aux normes internationales", ont dit M. Carter et la chef de la mission de l'UE, Véronique de Keyser, qui se sont succédé devant la presse à Khartoum.
La responsable européenne a évoqué "plusieurs irrégularités", dont des cas d'intimidation, un accès inégal des candidats à des ressources financières pour faire leur campagne et un accès inéquitable aux médias.
M. Carter a affirmé que de nombreuses libertés avaient "été restreintes durant une grande partie de la période (électorale), renforçant la méfiance des partis politiques", dont certains ont boycotté le scrutin.
"Nos observateurs ont rapporté des problèmes avec l'encre (sur l'index, censé prouver que les électeurs ont voté), les urnes, le processus d'identification des votants ainsi que des cas de mineurs" participant au scrutin, a-t-il indiqué.
Le vice-président de la commission électorale (NEC) a minimisé en soirée la portée de ces déclarations, estimant qu'elles ne tenaient "pas compte des conditions dans lesquelles se sont tenues les élections".
"Mais cela ne fait pas de mal d'obtenir des rapports préliminaires donnant une première impression et des indications", a dit Abdallah Ahmed Abdallah.
L'UE disposait de 130 observateurs à travers le Soudan, ce qui en fait la plus importante mission d'observation devant la Fondation Carter, qui a néanmoins suivi le processus de plus longue date.
Le scrutin a connu de nombreux problèmes logistiques -contraignant la NEC à prolonger le vote de trois à cinq jours- et a été marqué par le boycottage d'une partie de l'opposition, qui a dénoncé des fraudes.
Les deux missions internationales ont par ailleurs insisté sur les problèmes recensés au Sud-Soudan, dirigé par les ex-rebelles sudistes et qui doit organiser en janvier 2011 un référendum d'indépendance.
"Il y a eu plus d'irrégularités au Sud-Soudan", a dit Mme Keyser, soulignant la "faiblesse de l'organisation" à l'origine de nombreux retards dans l'ouverture des bureaux de vote, de l'acheminement de bulletins dans de mauvais centres de vote -ou encore leur pénurie- et des problèmes de sécurité.
La Fondation Carter a déploré un "grand nombre de cas d'intimidation, de menaces ou de recours à la force" au Sud-Soudan.
Malgré ces critiques, Jimmy Carter a estimé que "la majeure partie de la communauté internationale accepterait le résultat" des élections.
Le scrutin doit reconduire au pouvoir Omar el-Béchir, en quête de légitimité après le mandat d'arrêt à son encontre de la Cour pénale internationale qui l'accuse de crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour (ouest).
Pour leur part, les deux grands partis d'opposition qui n'avaient pas boycotté les élections ont annoncé qu'ils ne reconnaîtraient pas les résultats.
"Le vote et le décompte des voix sont frauduleux", a déclaré l'islamiste Hassan al-Tourabi, ancien mentor de M. Béchir devenu l'un de ses critiques les plus acerbes.
"Je refuse totalement les résultats de la présidentielle et tout ce qui en découlera", a souligné Hatim al-Sir, candidat à la présidentielle du Parti unioniste démocrate (DUP).
Les résultats du scrutin doivent être connus dans les prochains jours.