Les émissaires des six pays en charge du dossier nucléaire iranien sont à nouveau réunis au siège de l'ONU, à New-York. les discussions portent sur la prise de nouvelles sanctions contre Téhéran, soupçonné de vouloir se doter de l'arme atomique.
REUTERS - Les représentants des grandes puissances se sont réunis mercredi au siège des Nations unies pour évoquer à nouveau le projet de résolution condamnant la poursuite du programme d’enrichissement d’uranium iranien.
Le texte, dit-on dans les milieux diplomatiques, pourrait encore donner lieu à des semaines de tractations avant d’être adopté par le Conseil de sécurité.
Il s’agit de la deuxième entrevue du genre entre ambassadeurs des cinq membres permanents du Conseil et de l’Allemagne depuis que la Chine, étroitement liée à l’Iran sur le plan économique, a accepté de s’associer à ces discussions.
Le projet de résolution, mis en circulation il y a plusieurs semaines, prévoit d’infliger un quatrième train de sanctions à la République islamique. Il propose de nouvelles restrictions dans le domaine bancaire et dans le trafic maritime, un embargo total sur les armes, des mesures contre le corps des gardiens de la Révolution et l’interdiction des investissements dans le secteur de l’énergie.
Le dernier point a suscité l’hostilité de l’ambassadeur chinois Li Baodong lors de la réunion qui s’est déroulée jeudi dernier, a-t-on appris de sources diplomatiques. Il ne s’agissait toutefois que d’une prise de contact et un long travail reste à faire sur le texte, a-t-on ajouté.
A l’issue du sommet sur la sécurité nucléaire qui s’est achevé mardi à Washington, Barack Obama a invité les 46 chefs d’Etat et de gouvernement présents à agir au plus vite contre l’Iran.
Le président des Etats-Unis a toutefois reconnu que l’impact économique de nouvelles sanctions suscitait l’inquiétude de Pékin et a jugé que les négociations allaient être difficiles. L’Iran est le troisième fournisseur de brut de la Chine.
“PROFONDES DIVERGENCES”
A New York, un diplomate impliqué dans ces négociations à évalué entre 25 et 30% les chances de parvenir à un accord dans le courant du mois d’avril. L’optimisme est encore plus ténu pour mai, qui verra le Liban prendre la présidence tournante du Conseil de sécurité. Le Hezbollah, mouvement pro-iranien, siège dans le gouvernement de Beyrouth. Juin devrait être plus propice.
“Nous en sommes seulement au début des discussions sur le texte et ce n’est un mystère pour personne qu’il reste de profondes divergences”, a commenté le diplomate proche du dossier.
Longtemps hostile aux sanctions elle aussi, la Russie y semble désormais plus favorable, mais souhaite un texte moins ferme que le projet en circulation.
“Puisque nous parlons des sanctions dans le secteur de l’énergie, je vais vous donner mon opinion. Je pense que nous avons peu de chances de parvenir à une position consensuelle (...) sur ce sujet”, a déclaré cette semaine le président Dmitri Medvedev, devant les caméras d’ABC.
Même si les membres permanents du Conseil de sécurité parvenaient à surmonter leurs divergences, de longues négociations seraient sans doute nécessaires pour convaincre les dix Etats qui y siègent temporairement. Parmi eux, le Liban, la Turquie et le Brésil ont fait savoir qu’ils s’abstiendraient ou qu’ils voteraient contre un alourdissement des sanctions.
Interrogé mardi par une commission du Sénat américain, le secrétaire d’Etat adjoint William Burns s’est dit convaincu que la Chine se rallierait à cette perspective.
Le numéro deux de la diplomatie américaine a toutefois jugé qu’il serait “très difficile” de convaincre Pékin et Moscou d’adhérer à des sanctions qui interdiraient de vendre à l’Iran des produits pétroliers raffinés.