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Bakiev se dit prêt à démissionner si sa sécurité est assurée

"Quelles sont les conditions pour que je démissionne? Que ma sécurité et celle de ma famille soient assurées", a déclaré Kourmanbek Bakiev. Le président déchu et le gouvernement de transition semblent prêts à ouvrir des discussions.

REUTERS - Le président kirghize Kourmanbek Bakiev, déchu la semaine dernière, s'est dit prêt mardi à démissionner si le gouvernement intérimaire garantit sa sécurité et met fin aux troubles que traverse le pays.

Les deux camps ont parallèlement annoncé qu'ils étaient prêts à discuter des moyens de résoudre la crise qui paralyse l'ancienne république soviétique d'Asie centrale.

C'est la première fois que Bakiev, réfugié dans le sud du pays depuis qu'il a fui Bichkek, la capitale, mercredi dernier, évoque la possibilité d'un départ.

Aux journalistes lui demandant sous quelles conditions il pourrait renoncer, il a répondu par deux exigences, l'une concernant l'état du pays qu'il dirige depuis la "révolution des
tulipes", il y a cinq ans, l'autre portant sur sa sécurité personnelle.

"Je crois d'abord et avant tout qu'il faut garantir la fin des maraudes de ces bandes armées au Kirghizistan, que cessent cette redistribution de la propriété et cette mêlée armée", a-t-il dit, ajoutant qu'il souhaitait que le gouvernement provisoire prépare une élection présidentielle anticipée dans un délai de deux à trois mois.

"En second lieu, ma sécurité personnelle et celle de ma famille et de mes proches doivent être garanties", a-t-il dit.

La veille encore, Bakiev refusait de renoncer à ses fonctions, rejetait les "décisions illégitimes" du gouvernement provisoire et promettait un bain de sang s'il faisait l'objet d'une tentative d'arrestation.

Mardi, il a invité Roza Otounbaïeva, qui dirige le gouvernement provisoire, à des discussions à Jalalabad, dans le Sud kirghize. "Nos représentants sont là-bas avec Bakiev. C'est à lui de dire quand et sous quelle forme (ces discussions doivent commencer)", a pour sa part déclaré à Reuters le vice-Premier ministre chargé de la sécurité, Azimbek Beknazarov.

Un diplomate américain attendu à Bichkek

L'opposition kirghize, qui s'est emparée du pouvoir à l'issue de sanglants affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, avait ordonné à Bakiev de se livrer avant la fin de la journée de mardi.

"Nous avons aboli son immunité présidentielle. Nous avons ouvert une enquête criminelle sur l'ancien président. S'il ne se livre pas aujourd'hui (...), nous mènerons une opération pour l'arrêter", déclarait Azimbek Beknazarov dans la matinée.

L'ultimatum a été rejeté par Bakiev, qui se dit persuadé que les nouvelles autorités n'ont pas les moyens de venir l'arrêter dans son fief.

Le Kirghizistan, pays musulman de 5,3 millions d'habitants, est divisé entre Nord et Sud par les appartenances claniques. Le Sud, rural et densément peuplé, est également le théâtre de tensions ethniques séculaires entre Ouzbeks et Kirghizes.

Les violences du 7 avril, qui ont fait au moins 82 morts, ont par ailleurs suscité des doutes quant à l'avenir de la base aérienne de Manas, point d'appui stratégique pour les troupes occidentales déployées en Afghanistan.

Selon Washington, le gouvernement intérimaire s'est engagé à respecter les accords conclus avec Bakiev au sujet de Manas, dernière position américaine en Asie centrale depuis la fermeture, en 2005, de la base américaine en Ouzbékistan.

Le secrétaire d'Etat adjoint Robert Blake doit se rendre cette semaine à Bichkek pour un premier contact avec les nouvelles autorités. Sa visite, a-t-il souligné, n'a pas valeur
de reconnaissance officielle du gouvernement intérimaire. Le diplomate, qui s'est prononcé pour une sortie de crise respectueuse de l'ordre constitutionnel, n'a toutefois pas prévu de rencontrer Bakiev.

Tags: Kirghizstan,