
De nombreux acteurs de la vie publique polonaise ont péri dans le crash de l'avion du président Lech Kaczynski en Russie. Tour d'horizon des nouvelles figures de proue de la scène politique nationale.
Bronislaw Komorowski, président par intérim et candidat officiel de la Plateforme civique (PO, libéral)
Le président de la Diète (chambre basse du Parlement) depuis novembre 2007 est désormais président de la République par intérim. Agé de 58 ans, cet historien de formation, ancien ministre de la Défense, est connu pour ses positions libérales et son passé d’activiste anti-communiste dans les années 1970. Il figure parmi les personnalités les plus en vue du parti Plate-forme civique (PO), pro-européen, auquel appartient également le Premier ministre Donald Tusk.
Candidat du PO à l’élection présidentielle, prévue initialement en octobre, Bronislaw Komorowski devançait Lech Kaczynski dans les sondages publiés avant l’accident d’avion du 9 avril. Les relations politiques entre les deux hommes étaient orageuses, le chef de l'État exerçant régulièrement son droit de veto pour bloquer les initiatives du PO, majoritaire au Parlement.
Bronislaw Komorowski a désormais les mains libres, d’autant plus que la direction du parti adverse, Droit et justice (PiS), a été durement touchée par la tragédie de Smolensk. Il pourrait néanmoins choisir de rester en retrait en attendant les élections, ou au contraire occuper pleinement sa nouvelle fonction et mener à bien des réformes promues par son parti, notamment en ce qui concerne la santé et les retraites.
Donald Tusk, Premier ministre, membre du PO
Donald Tusk a formé un gouvernement d’opposition après la large victoire du PO aux élections législatives d’octobre 2007. Il a œuvré au rapprochement diplomatique de la Pologne avec l’Allemagne et la Russie, à l’inverse de la politique euro-sceptique menée par les frères Kaczynski.
Trois jours avant le drame de Smolensk, Donald Tusk avait d’ailleurs rencontré son homologue russe Vladimir Poutine pour commémorer le massacre de Katyn, en 1940 - une première dans les relations russo-polonaises -, et pour évoquer les dossiers qui ont opposé les deux pays, notamment la participation de la Pologne au bouclier antimissile américain.
Chantre du libéralisme économique, Donald Tusk affirme préparer le pays à adopter la monnaie européenne en 2015 (voir l'entretien accordé par le Premier ministre polonais à France 24 en décembre 2009).
Ce quinquagénaire, qui s'est forgé une image de dirigeant dynamique, a préféré, fin mars, ne pas se porter candidat aux primaires de la Plateforme civique pour la prochaine élection présidentielle.
Jaroslaw Kaczynski, ancien Premier ministre, chef de l'opposition
Le jumeau du président défunt Lech Kaczynski occupe le devant de la scène politique polonaise depuis l’accident d’avion de samedi. À l’écart du pouvoir depuis deux ans, Jaroslaw Kaczynski s'est contenté de gérer le PiS, passé dans l’opposition lors des élections législatives de 2007. Il avait lui-même tenu les rênes du gouvernement (entre juillet 2006 et novembre 2007), dans une configuration inédite de "république monozygote", avec son frère pour président de la République.
Plusieurs analystes politiques lui prêtent désormais une ambition présidentielle et le considèrent comme le candidat naturel du PiS pour le prochain scrutin anticipé. Les regards se tournent d’autant plus vers lui que plusieurs hauts responsables du PiS ont eux-aussi péri dans l’accident d’avion, samedi.
Pour l’instant, ses apparitions publiques sont justifiées par ses liens de sang avec son frère jumeau : c’est lui qui a, notamment, identifié la dépouille de Lech Kaczynski à Smolensk. Dans la foulée de la fille du président défunt, Marta, il est aussi l’une des premières personnalités à s’être agenouillé devant le cercueil de son frère, dimanche, devant une nation en deuil.