Roza Otounbaïeva, qui a mené l'opposition contre le président Bakiev et qui s'est proclamée chef de l'exécutif suite au soulèvement, dit craindre des violences de la part des partisans du chef de l'État déchu. Celui-ci a fui dans le sud du pays.
REUTERS - Les nouvelles autorités kirghizes ont affirmé vendredi que les partisans du président renversé Kourmanbek Bakiev fomentaient actuellement de nouvelles violences, après les émeutes de mercredi qui l'ont contraint à fuir la capitale Bichkek.
Roza Otounbaïeva, qui a mené l'opposition contre Bakiev et a proclamé jeudi qu'elle
dirigeait le nouvel exécutif, a assuré qu'elle contrôlait les forces armées et qu'elle ferait tout pour empêcher une guerre civile.
"Les forces de Bakiev ne comptent pas se rendre. Vous pouvez voir le nombre d'actes de violence dans la ville (Bichkek) orchestrés par leur camp, par les partisans de Bakiev", a-t-elle expliqué.
"Selon nos informations, plusieurs bombes ont été posées dans trois lieux publics de Bichkek", a-t-elle dit à la presse.
Au terme d'une journée de violentes émeutes, qui ont fait au moins 75 morts mercredi dans Bichkek, le président Bakiev a fui dans le sud du pays, où il jouit de soutiens dans les régions d'Och et de Jalalabad, a indiqué Otounbaïeva. Il a affirmé jeudi qu'il n'avait pas démissionné et ne comptait pas le faire.
"Toutes les forces armées sont sous notre contrôle. Les forces de sécurité, la police, bien sûr(...)", a-t-elle continué.
itDe son côté, le nouveau procureur général du Kirghizistan, Baïtemir Ibraiev, a annoncé vendredi qu'une enquête criminelle avait été ouverte contre Maxim Bakiev, fils du président, et contre deux frères du chef de l'Etat, Janibek et Marat.
"Nous disposons de témoignages attestant que ces personnes ont donné l'ordre d'ouvrir le feu sur les civils", a dit le procureur général aux journalistes.
Un millier de personnes se sont rassemblées vendredi dans le palais du gouvernement à Bichkek et alentour pour rendre hommage aux 75 personnes tuées dans les affrontements de mercredi.
L'AVENIR DE LA BASE DE MANAS
Des hommes, coiffés du traditionnel chapeau de feutre blanc kirghize, se sont agenouillés pour prier tandis que parents et amis déposaient des fleurs devant une liste des personnes tuées lors des manifestations de mercredi. Une journée de deuil est prévue samedi.
Un calme précaire règne dans la capitale du Kirghizistan où des patrouilles d'autodéfense ont été mises sur pied par le gouvernement intérimaire afin de lutter contre les pillards.
Des coups de feu ont été entendus au cours de la nuit. Ils seraient le fait de bandes d'individus, certains ivres, qui circulent à bord de véhicules sans plaque d'immatriculation, tirant des coups de feu au hasard, a dit Abdikalik Ismailov,
porte-parole du ministère de l'Intérieur.
Le gouvernement intérimaire kirghize a reconnu jeudi que la Russie avait joué un rôle dans la chute de Bakiev, qui était au pouvoir depuis 2005, et indiqué que le bail consenti à l'armée américaine pour l'utilisation de la base aérienne de Manas pourrait être écourté.
Une délégation du nouveau gouvernement est partie pour Moscou vendredi pour des entretiens, rapporte l'agence de presse russe Interfax citant des sources gouvernementales.
La question de la base de Manas sera l'une des premières que devront régler les nouveaux dirigeants kirghizes. Ce site constitue un élément important du dispositif de soutien logistique des Etats-Unis aux troupes engagées dans le conflit afghan.
Les opérations ont repris normalement à la base de Manas, à la suite d'une diminution du nombre des vols liée aux troubles politiques dans le pays, a déclaré vendredi un porte-parole américain.