
Les représentants de plus d'une quinzaine de pays se réunissent au Caire pour participer à une conférence sur la protection et la restitution des antiquités à leur pays d'origine. L'Égypte réclame, entre autres, le buste de Néfertiti à l'Allemagne.
AFP - L'Egypte, qui réclame la pierre de Rosette à Londres et le buste de Néfertiti à Berlin, organise mercredi et jeudi une conférence réunissant des pays cherchant comme elle à récupérer leurs antiquités dispersées à travers le monde.
Seize pays en plus de l'Egypte participeront à cette "conférence pour la protection et la restitution du patrimoine culturel", selon le Conseil suprême des antiquités égyptiennes (CSA).
La Bolivie, la Chine, Chypre, la Corée du sud, l'Espagne, la Grèce, le Guatemala, le Honduras, l'Inde, l'Italie, l'Irak, la Libye, le Mexique, le Nigeria, le Sri Lanka et la Syrie sont attendus au Caire.
Les débats réuniront des ministres adjoints de la Culture et des chefs des services des antiquités, ainsi que les directeurs de certains musées. L'Egypte tablait initialement sur la présence d'une trentaine de pays.
En plus de mettre au point une liste des pièces archéologiques réclamées par chaque participant, la conférence discutera "d'un certain nombre de propositions et de recommandations pour les porter devant l'Unesco, afin d'amender la Convention de l'Unesco sur la restitution des antiquités à leur pays d'origine", a indiqué le CSA dans un communiqué.
Cette convention datant de 1970, dont plusieurs musées se prévalent pour garder des pièces, affirme la non-rétroactivité des opérations antérieures à cette date.
D'après Zahi Hawass, le chef du CSA, la Grèce présidera la session consacrée à l'examen "des problèmes auxquels les pays font face dans leurs tentatives de récupérer leurs antiquités".
Athènes mène une bataille depuis trente ans pour la restitution de la partie des frises du Parthénon détenue par le British Museum.
M. Hawass a fait de la restitution des antiquités qu'il qualifie de "volées" son cheval de bataille. "Ce qui nous a été volé doit nous être rendu", avait-il martelé l'an dernier.
L'Egypte a récemment marqué un point en obtenant du Louvre en décembre la restitution de cinq fragments de peintures murales vieux de plus de 3.000 ans, après avoir annoncé la suspension de sa coopération avec le musée français tant que ces pièces ne seraient pas rendues.
En mars, elle a également récupéré, après "de longues négociations" avec l'Université de Londres, 25.000 objets antiques remontant parfois à l'âge de pierre, ainsi qu'un sarcophage pharaonique saisi aux Etats-Unis plus d'un siècle après avoir été sorti illégalement.
Depuis l'arrivée de M. Hawass à la tête du CSA en 2002, l'Egypte a en tout récupéré 31.000 pièces archéologiques.
Mais elle continue d'exiger, sans succès pour l'instant, la restitution d'oeuvres majeures comme la célèbre pierre de Rosette, la stèle qui a permis à Champollion de percer le mystère des hiéroglyphes, exposée au British Museum de Londres depuis plus de 200 ans.
"Elle appartient à l'Egypte, elle devrait revenir à l'Egypte", avait déclaré M. Hawass sur la radio BBC 4 alors que le musée londonien estime qu'il s'agit d'une "icône mondiale".
Le Caire voudrait aussi voir revenir le buste de Néfertiti, un chef-d'oeuvre de l'art pharaonique détenu au Neues Museum de Berlin, arguant qu'il a été sorti du pays illégalement après avoir été recouvert de glaise pour passer inaperçu, ce que nie Berlin.