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L'aide internationale bénéficie-t-elle à ceux qui en ont le plus besoin ? Dévastée par un séisme, Haïti devrait recevoir 5 milliards de dollars sur 2 ans pour sa reconstruction. Comment s’assurer que cette manne ne sera pas détournée, comme cela a déjà été le cas dans de précédentes grandes catastrophes, tel le cyclone Nargis qui a frappé la Birmanie ?

La Birmanie est l’un des pays les plus corrompus du monde. La corruption y est presque institutionnalisée. Elle touche tout l’appareil du pouvoir du plus haut au plus bas de l’échelle. L’argent de l’aide humanitaire n’échappe pas la règle. Une partie des millions d’euros envoyés par la communauté internationale pour venir en aide aux victimes du cyclone Nargis en mai 2008 sont détournés au profit des autorités locales.

En mai 2008, un cyclone d’une force dévastatrice frappe la région immensément peuplée du Delta de l’Irrawaddy en Birmanie. Le monde découvre avec effroi l’étendue de la catastrophe : cent quarante mille morts, des dizaines de milliers de blessés et toute une zone profondément marquée par le passage du cyclone.

L’aide humanitaire arrive massivement après plusieurs semaines de refus du régime birman de laisser entrer les secouristes étrangers. Mais les survivants ne reçoivent qu’une partie de l’aide. Près de deux ans après la catastrophe, des paysans birmans vivant dans un village de Bogale, la zone la plus touchée en mai 2008, prennent des risques énormes pour témoigner de la corruption généralisée dont ils sont les victimes.

Ils assurent qu’une grande partie de l’argent qui doit leur revenir pour l’effort de reconstruction est détourné par le chef de leur village. Ce dernier évoque « des frais » pour justifier une ponction de 40% par exemple sur un chèque donnée par des organisations humanitaires internationales financées par la Commission Européenne. Ils affirment aussi que les bateaux, les tracteurs envoyés et si vitaux pour eux ont été revendus par les autorités locales. Un moine accuse pour sa part le chef du district de Bogale d’avoir détourné la somme destinée à la reconstruction de son temple détruit pendant le passage du cyclone.

Après avoir fermé le pays pendant plusieurs semaines aux secouristes et à l’aide humanitaire - une position qui a probablement coûté la vie à des milliers de survivants les premiers jours - la junte militaire birmane a clairement perçu la manne internationale comme un nouveau moyen de gagner de l’argent, dit un expert du dossier.

Le chef de la mission humanitaire de la Commission Européenne à Rangoon, estime quant lui, que la pyramide de corruption est une possibilité, une réalité qui existe mais qui reste incontrôlable.

  • Emission préparée par Marie Billon et Patrick Lovett
  • Avec en invité : Rolando TOMASINI, directeur du groupe de recherche de logistique humanitaire à l’INSEAD