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La hotline destinée aux victimes d'abus sexuels de l'Église prise d'assaut

Dès le premier jour, quelque 1 000 personnes ont joint le numéro gratuit mis en place par l'Église catholique pour les victimes d'abus sexuels. Un engouement inattendu qui dénote un certain malaise.

"Il faut reconnaître qu’il y a eu beaucoup plus d’appels que ce que l’on pensait." Nina Schmedding, porte-parole de la conférence des évêques allemands, confirme à France24.com que la toute nouvelle hotline mise en place, mardi, pour les victimes d’abus sexuels a déjà enregistré 4 459 tentatives appels, certains ayant dû s’y prendre à plusieurs fois avant de pouvoir trouver une oreille attentive. L’Eglise catholique allemande estime qu’environ 1 000 personnes ont pu joindre un interlocuteur.

"Parmi tous ces appels, 162 ont donné lieu à une discussion avec un conseiller ou un psychologue", précise Nina Schmedding. Les autres coups de fil auraient, pour la plupart, donné lieu à des félicitations pour ce service gratuit. Les entretiens ont duré entre 5 minutes et 1 heure.

Alors de quoi parle-t-on vraiment sur cette ligne ? Là, l’évêché botte en touche. "Il va falloir attendre environ une semaine pour savoir précisément qui a appelé et quelles suites ont été données à ces coups de fil", temporise Nina Schmedding. Responsable de l’équipe de conseillers, le docteur Andreas Zimmer, précise simplement, dans un communiqué publié mercredi, que "la plupart des appelants sont soit des victimes d’abus soit des proches qui parlent en leur nom."

Eglise en crise

Quoi qu’il en soit, cet engouement du premier jour "donne tort à tout ceux qui nous ont critiqués", estime Andreas Zimmer. En Allemagne, le scandale des abus sexuels commis par des prêtres catholiques a eu une résonnance particulière. D’abord parce qu’il affecte le pontificat de Benoît XVI, d’origine germanique, ensuite parce qu’il "ne semble pas se passer un jour sans une nouvelle révélation", comme l’écrit le quotidien "Frankfurter Allgemeine" dans un éditorial, ce mercredi.

Lors de la mise en place de la hotline, des voix s’étaient élevées pour s’opposer au fait que ce soit l’Eglise – accusée de toutes parts dans cette affaire – qui prenne cette initiative. Les détracteurs craignent qu’elle y trouve ainsi un moyen de contrôler le flux des révélations.

L’institution est en effet au plus mal en Allemagne. Selon un sondage du magazine "Die Welt" de mercredi, un catholique sur cinq a pensé quitter l’Eglise depuis le début du scandale. Et seuls 31 % des Allemands trouvent que Josef Ratzinger fait un bon travail en tant que pape.