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En réponse à la demande pakistanaise d'ouvrir une procédure pour corruption à l'encontre du président Asif Ali Zardari, la Suisse a fait savoir que ce dernier bénéficiait, en tant que chef d'État, d'une immunité.

REUTERS - Le Pakistan va demander aux autorités suisses de rouvrir les procédures pour corruption contre le président Asif Ali Zardari, a dit mercredi à la Cour suprême un avocat de l'agence gouvernementale anticorruption.

Le procureur général de Genève, Daniel Zappelli, a déclaré qu'il n'avait pas encore reçu la requête pakistanaise et que de toute façon Zardari bénéficiait de l'immunité en tant que chef d'Etat.

La décision du Bureau national de responsabilité (NAB) pakistanais fait suite à l'ordre de relancer tous les dossiers de corruption, donné par la Cour suprême après qu'elle eut invalidé l'amnistie de Zardari et de certains de ses collaborateurs en décembre.

"A la lumière des directives de la Cour sur la réouverture des dossiers suisses, le NAB a lancé le processus", a déclaré devant l'instance l'avocat Abid Zuberi.

Zardari et son épouse, l'ancien Premier ministre Benazir Bhutto, assassinée en 2007, ont été reconnus coupables de blanchiment d'argent en 2003 par un tribunal genevois, dans une affaire relative à des pots-de-vin. Leur condamnation avait été annulée en appel.

En 2008, les autorités suisses ont classé le dossier et
débloqué les quelque 60 millions de dollars gelés durant unedécennie sur des comptes bancaires, le Pakistan ayant renoncé aux procédures engagées sur leur sol.

Mais la Cour suprême pakistanaise a abrogé en décembre dernier un décret d'amnistie qui protégeait Zardari et des membres de son entourage de toute poursuite pour corruption. Elle a ensuite pressé le NAB de relancer ces affaires.

Les affaires instruites en Suisse avaient valu à Zardari une peine d'inéligibilité. La réouverture des dossiers l'exposerait à une contestation juridique de son élection à la présidence en 2008.

Asif Ali Zardari entretient des relations conflictuelles avec le président de la Cour suprême, Iftikhar Chaudhry, limogé en 2007 par l'ancien président Pervez Musharraf.

L'actuel chef de l'Etat s'était engagé à rendre son poste à Chaudhry après son élection, mais il a ensuite affiché des réticences et ne s'y est résolu qu'en mars 2009, sous la pression d'avocats et d'opposants descendus dans la rue.