Deux jours après les révélations de l'ONU sur le massacre d'au moins 290 civils commis par la LRA à la mi-décembre 2009 en RD Congo, des militaires centrafricains affirment que 26 personnes ont été tuées lors d'un raid mené par le groupe rebelle.
AFP - Des attaques fin mars de la rébellion ougandaise de la LRA (Armée de résistance du Seigneur) ont fait 26 morts dont 10 civils dans le sud-est de la Centrafrique, a affirmé mardi une source militaire centrafricaine, alors qu'un massacre de centaines de civils par la LRA en république démocratique du Congo (RDC) vient d'être révélé.
La rébellion de la LRA, réputée pour être une des plus brutales au monde, est active depuis 1988 dans le nord de l'Ouganda, mais depuis 2005, ses combattants se sont installés dans l'extrême nord-est de la RDC, ainsi qu'en Centrafrique et au Sud-Soudan.
Les hommes de la LRA ont attaqué le village d'Agoumar le 21 mars, celui de Karmadar le 25 puis celui de Dembia le 28, a affirmé sous couvert de l'anonymat un officier centrafricain à Bangassou (principale ville du Sud-est), joint au téléphone par l'AFP mardi depuis Bangui.
"L'attaque d'Agoumar a entraîné la mort de onze personnes, dix civils centrafricains dont une femme brûlée vive par les rebelles, et un élément de la LRA tué par les villageois qui s'organisent désormais en autodéfense", a affirmé cette source militaire.
A Dembia, "les éléments de la LRA ont été pris en chasse par l'armée ougandaise, qui a abattu au moins quinze rebelles", a-t-elle affirmé.
Les rebelles ont utilisé lors de chaque attaque "les mêmes procédés de porte-à-porte, faisant des otages au sein de la population, et emportant des biens de valeur, ainsi que des provisions", selon l'officier.
Plus de quarante personnes auraient été prises en otage dans ces trois villages, a indiqué à l'AFP, également sous couvert de l'anonymat, un fonctionnaire de Bangassou, où 400 personnes se sont réfugiées, fuyant les combats.
Les habitants de Bangassou ont manifesté mardi dans les rues de la ville à l'appel des autorités, dont le préfet Rémy Semndouto, pour exiger le départ des forces ougandaises qui opèrent régulièrement en Centrafrique depuis juin 2009.
Selon eux, il existerait une complicité entre l'armée ougandaise et les rebelles de la LRA, parce que ces derniers attaquent les villages aussitôt après le passage des militaires ougandais.
Interrogé mardi par l'AFP sur ces allégations, un haut responsable militaire centrafricain à Bangui a déclaré que "sans la présence de ces frères (ougandais) qui nous aident, les dégâts seraient beaucoup plus graves encore".
Cet officier supérieur a toutefois reconnu: "Le 7 mars dernier, le chef de l'Etat (le président François Bozizé) a demandé qu'un bataillon soit envoyé en renfort dans la région. Mais seulement 15 hommes, sous-équipés ont pu être déployés. Et cela irrite la population".
Les attaques de la LRA se sont multipliées dans la région depuis le mois de février.
L'organisation Human Rights Watch (HWR) a publié dimanche un rapport dénonçant un massacre "planifié" par la LRA d'au moins 321 civils mi-décembre 2009 dans des villages du nord-est de la République démocratique du Congo.