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En visite à Ankara, Merkel s'oppose à l'adhésion entière de la Turquie à l'UE

En visite en Turquie, la chancelière allemande, Angela Merkel, a de nouveau défendu sa proposition d'un partenariat privilégié entre Ankara et les Vingt-Sept plutôt qu'une adhésion totale du pays à l'Union européenne.

AFP - La chancelière allemande Angela Merkel a répété lundi, au cours d'une visite à Ankara, que les négociations entre la Turquie et l'Union européenne n'aboutiraient pas nécessairement à une adhésion turque, et les deux pays ont fait étalage de leur divergence concernant l'Iran.

"Les règles du jeu ont changé" depuis que la Turquie a, pour la première fois il y a cinquante ans, frappé à la porte de l'Europe, a déclaré à la presse Mme Merkel, dont les propos étaient traduits en turc, après un entretien avec le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan.

"Les négociations (d'adhésion) sont un processus dont le dénouement est ouvert", a-t-elle ajouté, signifiant qu'il n'impliquait pas nécessairement une adhésion à l'Union européenne.

Mme Merkel a déclaré à nouveau la semaine dernière aux médias turcs et allemands qu'elle restait opposée à une adhésion pleine et entière de la Turquie à l'UE, à laquelle elle préfère la solution d'un "partenariat privilégié".

L'Allemagne, tout comme la France, redoute l'arrivée dans l'UE d'un pays de 71 millions d'habitants, en majorité musulmans.

Le ministre turc chargé des Affaires européennes, Egemen Bagis, lui a répondu samedi que la notion de partenariat privilégié "n'existait pas, et n'avait pas de fondement légal", donnant le ton à cette visite de deux jours à Ankara, puis Istanbul.

La Turquie n'a ouvert jusqu'à présent que 12 des 35 "chapitres" de l'acquis communautaire depuis l'ouverture en 2005 des négociations d'adhésion, et les pourparlers piétinent, du fait notamment de la non-reconnaissance par Ankara de la République de Chypre, membre de l'UE.

Mme Merkel a sur ce sujet demandé à la Turquie d'ouvrir ses ports aux navires chypriotes, dans le cadre de l'Union douanière auxquels a souscrit la Turquie.

"La question la plus importante est l'application du protocole... Nous devons régler la question de Chypre. Cela nous profiterait à tous," a-t-elle dit.

Mme Merkel a également demandé à la Turquie de soutenir les pays occidentaux qui menacent l'Iran de nouvelles sanctions, accusant ce pays de vouloir se doter de l'arme nucléaire.

"Si l'Iran ne prend pas rapidement des mesures claires, nous prendrons une décision sur la question des sanctions... L'Allemagne serait très contente si nous pouvions voter d'une seule voix, avec les Etats-Unis, l'Europe et la Turquie", a-t-elle dit.

M. Erdogan, dont le pays est membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, est opposé à de nouvelles sanctions.

Au-delà de ces sujets de décaccord, les deux parties ont semblé proches d'un accord concernant la création d'écoles turques pour les quelque 2,5 millions d'immigrés turcs en Allemagne.

M. Erdogan, qui avait soulevé une polémique en 2008 en refusant l'assimilation des Turcs en Allemagne, avait répété avant l'arrivée de Mme Merkel son souhait de créer des établissements d'enseignement secondaire turcs dans ce pays, une idée rejetée par la chancelière.

Mme Merkel a jugé lundi que des écoles enseignant en turc pourraient être ouvertes en Allemagne, mais que cela ne devait pas être un "prétexte" pour les immigrés de ne pas apprendre l'allemand et de ne pas s'intégrer.

"Apprendre la langue de la société dans laquelle on vit est une condition de l'intégration, ce n'est pas de l'assimilation", a-t-elle déclaré.

Un adjoint de M. Erdogan a expliqué que la proposition de ce dernier avait été mal comprise, ajoutant que la Turquie souhaitait l'ouverture d'écoles respectant le système allemand et enseignant dans les deux langues.

Les deux pays doivent s'efforcer de garantir "l'intégration en protégeant les racines culturelles de l'autre", a dit M. Erdogan.