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Les climatosceptiques veulent éduquer les enfants américains

Le Dakota du Sud est le troisième État américain à avoir adopté un texte remettant partiellement en cause les thèses officielles sur le réchauffement climatique. Certains craignent un débat similaire à celui sur la théorie de l'évolution.

Après le petit Jésus, le grand méchant climat ? Les climatosceptiques, qui remettent en cause la thèse du réchauffement climatique, veulent prêcher leurs convictions jusque sur les bancs de certaines écoles américaines. Certains craignent que ce débat, qui rappelle celui qui oppose les tenants de la théorie de l’évolution aux religieux créationnistes, prend de l'ampleur aux États-Unis.

Trois États ont, à ce jour, adopté des textes soutenant la remise en cause des thèses des scientifiques sur le réchauffement climatique. Le dernier épisode en date, survenu au Dakota du Sud, a alarmé jusqu’au "New York Times". Cet État a adopté, début mars, la résolution HCR 1009. Largement amendée lors de son adoption, elle recommande cependant aux écoles de présenter le réchauffement climatique comme une théorie et non comme un fait scientifique. Sa mouture initiale relayait les idées de certains sites friands de la théorie du complot. On y lisait notamment qu’il n’existe "pas de preuves du réchauffement climatique dans les zones où on devrait l’observer".

Malvenu

"C’est un texte pour le moins malvenu, qui va nous obliger à redoubler d’efforts d’explication", reconnaît le Dr P.V. Syndarishwar, un professeur associé à l’Institut de science atmosphérique du Dakota du Sud, contacté par France24.com. Mais le républicain Tom Oster, secrétaire à l'Éducation de l’État, assure ne rien imposer à qui que ce soit. "Les écoles des comtés ont une large autonomie sur ces questions et, avec cette résolution, nous ne leur imposons rien", assure-t-il. Une résolution n'a, effectivement, pas force de loi.

N’empêche qu'elle donne l’impression que le Dakota du Sud prend ses distances avec la position officielle des scientifiques sur les dangers du réchauffement climatique. Après la Louisiane en 2008 et le Texas en 2009, la recommandation faite aux écoles du Dakota du Sud semble donc être la goutte qui fait déborder le vase médiatique.

À tel point que les républicains de l’État ont lancé une large entreprise de rétropédalage. "Nous passons des centaines de résolutions tous les ans, celle-là n’est en rien différente de celle qui prévoit, par exemple, la célébration du 100e anniversaire du clocher d’une ville", se défend Brian Gosh, chef de file des républicains à la Chambre des représentants du Dakota du Sud.

Climatosceptiques-créationnistes, même combat ?

Celui-ci reconnaît toutefois la portée particulière du thème de ce texte. "Certes, à l’heure où l'on réfléchit à dépenser beaucoup d’argent pour lutter contre les conséquences du réchauffement climatique, cette résolution peut déranger l’idéologie de certains", avance-t-il.

Mais ce que craignent aussi ceux qui, à l’instar de Climate Progress, dénoncent cette résolution, c’est que les thèses des climatosceptiques se fassent un petit nid douillet dans les écoles. Comme celles des créationnistes, qui soutiennent une version biblique de la création du monde. "Pour l’instant, il n’y pas encore de danger, mais il est vrai qu’on sent clairement qu’il y a une pression en ce sens", estime le Dr P.V. Syndarishwar.

Ce dernier craint surtout de se lancer dans un combat inégal, comme ce fut le cas dans le débat entre les scientifiques et le lobby religieux à propos des théories de Darwin. En effet, expliquer que tout est l’œuvre de Dieu est beaucoup plus confortable que d’apprendre toute une théorie scientifique reposant sur un hasard organisé. Il en va de même avec la théorie officielle sur le réchauffement climatique car, comme le souligne le Dr P.V. Syndarishwar, "qui aime qu’on lui dise que la fin du monde est peut-être pour demain si on ne fait rien" ?

crédit photo : azrainman (flickr)