La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, reçoit à Washington son homologue pakistanais, Mehmood Qureshi, afin de s'entretenir sur l'aide militaire apportée par Washington dans la lutte contre les rebelles islamistes sur le sol pakistanais.
AFP - Pakistan et Etats-Unis, alliés de raison plus que de coeur, inaugurent mercredi à Washington un "dialogue stratégique", alors qu'Islamabad espère récolter les fruits de l'aide militaire qu'il apporte à son puissant partenaire.
Le ministre des Affaires étrangères, Mehmood Qureshi, et le général Ashfaq Kayani, chef de l'armée, doivent s'entretenir avec la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, au lendemain de rencontres au Sénat.
Les deux hommes sont arrivés à Washington avec une liste de demandes qui commence par la fourniture de matériel militaire. Le Pakistan espère notamment recevoir des drones, ou avions sans pilote, pour mener lui-même le combat contre les insurgés islamistes dans les zones de guérilla.
Les Etats-Unis eux-mêmes ont lancé quelque 90 attaques de drones au Pakistan depuis août 2008, faisant plus de 830 morts selon des sources locales.
L'armée américaine affirme avoir tué ainsi des responsables de premier plan des talibans et d'al-Qaïda, mais le gouvernement pakistanais accepte mal ce qu'il juge comme une atteinte à sa souveraineté.
Le Pakistan espère aussi des accords commerciaux et douaniers facilitant son accès au marché américain, en particulier pour ses exportations de textiles.
Pour le président Barack Obama, l'objectif est d'abord de convaincre l'opinion pakistanaise, farouchement anti-américaine, du désir de l'Amérique de s'engager dans une relation large et de long terme avec le Pakistan.
"Ces dernières années", a plaidé mardi Philip Crowley, le porte-parole de la diplomatie américaine, "les gens n'ont vu notre relation qu'à travers le prisme des affaires militaires, mais notre interaction avec le Pakistan est plus large".
La défiance envers les Etats-Unis est en partie associée aux années 1990, quand Washington avait pris ses distances avec le pays, après l'avoir aidé à soutenir les guérillas luttant contre l'occupation soviétique de l'Afghanistan.
Depuis 2001, le Pakistan est, à nouveau, un allié crucial en Afghanistan, cette fois contre les talibans.
Le président pakistanais Asif Ali Zardari a donné des gages en envoyant 30.000 soldats combattre les islamistes en 2009 dans la zone tribale frontalière du Waziristan du Sud.
Les Etats-Unis se sont également satisfaits de l'arrestation récente au Pakistan du mollah Baradar, important commandant taliban afghan.
Mais plusieurs observateurs, dont l'ancien envoyé de l'ONU en Afghanistan Kai Eide, se sont interrogés sur les motivations réelles de cette capture, en estimant qu'elle avait peut-être mis fin à des négociations secrètes avec les talibans.
Malgré leurs efforts, Etats-Unis et Pakistan sont loin de partager un même objectif en Afghanistan, note la spécialiste Lisa Curtis, du centre de réflexion Heritage Foundation.
Washington, explique-t-elle, "fait tout son possible pour éviter un retour au pouvoir des talibans, tandis que le Pakistan veut surtout limiter l'influence de l'Inde" chez son voisin du Nord.