
À la tête d'une fondation d'aide aux victimes du séisme, les deux anciens présidents américains se sont rendus dans la capitale haïtienne. Ils ont été chargés par leur successeur, Barack Obama, de canaliser l'aide américaine aux sinistrés.
AFP - Ils ont beau rêver des Etats-Unis, les Haïtiens ont envoyé un message ambigu lundi lors de la visite des anciens présidents américains George W. Bush et Bill Clinton. Le premier a été conspué, le second a eu droit aux vivats de la foule massée dans un camp de réfugiés.
Les deux anciens présidents ont été chargés par leur successeur Barack Obama de mettre en place un fonds pour canaliser l'aide américaine aux victimes du séisme du 12 janvier. M. Clinton, également émissaire spécial de l'ONU pour le pays, en est à sa troisième visite sur place depuis la catastrophe, alors que M. Bush n'a jamais mis les pieds en Haïti.
Durant leur visite, passant par des sites qui abritent nombre des 600.000 Haïtiens sans abri depuis le tremblement de terre, MM. Bush et Clinton ont entendu les Haïtiens leur expliquer qu'ils veulent que ce voyage change leurs conditions de vie.
"Nous faisons face à beaucoup de problèmes, nous n'avons pas suffisamment à manger, nous savons que vous pouvez faire quelque chose pour nous. Nous faisons reposer sur vous notre dernier espoir", dit une femme qui s'accroche au bras de George W. Bush, en nage sous le chaud soleil.
L'ancien président se défait de l'emprise en acceptant de poser pour une photo avec une jeune fille. Sans rien promettre.
A l'intérieur d'une tente, Bill Clinton est, lui, littéralement assiégé. Les complaintes et les demandes fusent de partout dans une bousculade à donner le tournis aux gardes du corps de l'ancien président.
Mais celui qui fait l'objet d'une vraie adulation aime bien les bains de foule. Il ne se fatigue pas de répondre à toutes les questions. Et sourit.
En revanche, le passage du président René Préval est ignoré ou suscite l'agacement de certains de ses compatriotes qui lui reprochent d'être trop distant.
Au bord d'une route, une femme lance: "Il (Préval) n'a jamais mis les pieds ici depuis le 12 janvier. Nous ne lui demandons rien. Nous nous adressons à Clinton seulement", jette-t-elle, visiblement en colère.
Des dizaines d'Haïtiens ont profité de la visite pour réclamer le retour de l'ancien président Jean-Bertrand Aristide. Aujourd'hui exilé en Afrique du sud, M. Aristide a été renversé en 2004. Dans les milieux populaires haïtiens, on pense que son départ a été provoqué par une rébellion soutenue par l'administration de George W. Bush.
Alors au passage de MM. Clinton, Bush et Préval dans un camp proche du palais présidentiel, un jeune brandit une photo d'Aristide, tout en criant "Vive Titid!", surnom de l'ex-président haïtien.
"A bas Bush! Welcome president Clinton! C'est lui qui nous avait ramené notre président (Aristide) renversé par un putsch en 1991 sous l'administration de Bush père", lance en choeur un petit groupe de manifestants.
Ce contraste illustre la fascination qu'exercent les Etats-Unis sur les Haïtiens, tout autant que leur rejet de ce qu'ils voient comme l'ingérence de Washington dans leurs affaires politiques.
"Les problèmes d'Haïti sont vieux de deux siècles, depuis l'indépendance. Aujourd'hui c'est le moment idéal de faire quelque chose. Bush ou Clinton, tous ces étrangers savent bien ce qu'il faut faire pour Haïti. Fini la démagogie. Nous voulons que notre pays ressemble à New York, aux grandes villes nord-américaines", résume Jean David, 34 ans.