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Le roi du mbalax célèbre Bob Marley

"Dakar-Kingston", son dernier album, "I bring what I love", le film sur sa vie : l’actualité de Youssou N’Dour est riche en cet anniversaire des indépendances africaines. Le chanteur cherche à faire entendre son message de Dakar à Addis Abeba...

Le dernier disque de Youssou N'Dour, "Dakar-Kingston", que le roi du m'balax présentera sur la scéne parisienne de l'Olympia, le 23 mars, est dans le plus pur style jamaïcain. Cet album de "retour aux sources reggae" a été enregistré dans le studio Tuff Gong de Bob Marley, en hommage au prophète du mouvement rasta.

Bob Marley sert de miroir au fils de griot sénégalais le plus connu au monde. "Le chant de Bob Marley était un cri pour l'Afrique, avec les morceaux 'Africa Unite' et 'No Woman no Cry'. Il a représenté pour moi la première star venant du tiers-monde. Un Sénégalais comme moi se dit : 'Moi aussi, je peux toucher le monde'", se souvient-il lors d'une interview accordée au Journal de la Culture sur FRANCE 24.

Sans conteste, Youssou N'Dour touche aujourd'hui le monde. Sa puissante notoriété s'étend à toute l'Afrique subsaharienne et à la diaspora africaine qui a émigré en Europe et aux États-Unis. Le chanteur s'en donne les moyens. La sortie du film biographique "I Bring What I Love", tourné par Elizabeth Chai Vasarhelyi, permettra de mesurer l'ampleur de phénomène*.

"Avec le reggae, le message peut être beaucoup plus fort"

Au Sénégal, Youssou N'Dour est plus qu'un musicien à l'aura internationale, choyé du public et des médias. Il y est aussi un influent acteur, tant sur la scène économique que politique. À Dakar, l'enfant de la Médina dirige un important groupe de presse, qui comprend le quotidien "l'Observateur" et la radio Rfm, et ambitionne de créer une chaîne de télévision. Il y possède également un night-club, baptisé "Thiossane". Après avoir entretenu une forte complicité avec le président Abdoulaye Wade durant des années, celui-ci a récemment pris ses distances avec "Gorgui". Certains Sénégalais le voudraient d'ailleurs comme chef de la nation...

À en croire l'interview qu'il a accordée à FRANCE 24, Youssou N'Dour n'aspire pas vraiment au fauteuil présidentiel. Il semble plutôt vouloir manier les ficelles politiques... de loin. "Je n'ai pas d'ambition personnelle pour occuper un poste. Ma vie, c'est la musique. Mais je peux m'engager pour un mouvement, une personnalité qui fera avancer les choses."

Lorsqu'il évoque le cinquantième anniversaire des indépendances africaines toutefois, ses arrières-pensées politiques sont toujours là. Il y voit en effet une occasion pour l'Afrique de "rebondir", de "redémarrer", et de "repartir sur un chemin plus 'clean' : lutter contre la mal-gouvernance, la corruption. L'Afrique doit valoriser ses produits, sa culture, ses ressources", poursuit-il.

L'artiste aurait-il sciemment adopté le reggae de Bob Marley ? Avec un tel mentor, son disque sera écouté de Dakar à Addis Abeba... "Le reggae parle à tout le continent. Le message peut être beaucoup plus fort", explique-t-il. Jusqu'où portera la voix politique de Youssou N'Dour ?

*Il sera projeté sur les écrans français à partir du 14 avril.