
Ce mercredi, en France, sort l'adaptation de Tim Burton du célèbre roman de Lewis Carroll. Une version 3D acidulée qui fait du Wonderland merveilleux un Underland sous la coupe d'une reine despotique... Entretien avec le maître du fantastique.
Johnny Depp en Chapelier fou, Helena Bonham Carter en Reine rouge ou la jeune actrice Mia Wasikowska dans la peau d’Alice : tous nous font passer de l’autre côté du miroir et nous invitent à découvrir le monde d’Alice devenue grande, merveilleusement assombri par Tim Burton.
"Il y a eu tant d’artistes que je me suis autorisé à faire ma version"
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© {{ scope.credits }}Avec "Alice au pays des merveilles", publié en 1865, et sa suite, "De l’autre côté du miroir", sortie six ans plus tard, Lewis Carroll - nom de plume du révérend Charles Lutwidge Dodgson, professeur de mathématiques à l’université d’Oxford - laisse durablement son empreinte sur la littérature enfantine. L’intrigue novatrice et les personnages insolites qui ponctuent ses contes ont donné libre cours à une pléiade d’adaptations en tous genres, dont la plus connue reste le dessin animé de Walt Disney, sorti en 1951.
Reprenant les personnages et les thèmes centraux des contes originaux, la scénariste Linda Woolverton - déjà connue des studios Disney pour ses travaux sur "Le Roi Lion" et "Mulan" - propose une nouvelle histoire fantastique aux airs d’allégorie politique.
Alice a 19 ans. Elle est sur le point de se marier mais n’en a pas réellement envie. Le temps passe et le pays des merveilles qu’elle a visité quand elle était enfant est tombé sous la coupe de la Reine rouge qui le gouverne d’une main de fer.
itLes producteurs des studios Disney proposent à Tim Burton de tenir les rênes de cette nouvelle version d’"Alice au pays des merveilles", qui accepte immédiatement. "Grâce au scénario de Linda Woolverton, l’histoire existe par elle-même et me permet de faire un film et non une adaptation littéraire", explique le réalisateur d'"Edward aux mains d’argent", avant d’ajouter : "Cette histoire fait appel à notre imaginaire et résonne aussi à un niveau subconscient. C’est pour cette raison qu’elle plaît toujours autant".
it "La 3D est un personnage, pas un gimmick"
Le superviseur des effets spéciaux Ken Ralston - membre fondateur de la société de George Lucas -, reconnaît la difficulté de concrétiser les visions du réalisateur. Avec une Reine rouge dont la tête a doublé de volume, un Chapelier fou aux yeux agrandis ou encore un Crispin Glover au corps gigantesque, Tim Burton joue constamment avec les tailles. "Dans Alice, cette relation à la taille et à l’espace, sans arrêt décalée, a rendu primordiale l’utilisation de la 3D", raconte le réalisateur qui a passé dix mois cloîtré en salle de montage. Il ajoute : "J’ai voulu que la 3D devienne un personnage du film et non un gimmick. Voyez cette 3D comme un acteur qui sert l’univers décalé du film".
itToutes les séquences tournées à Underland, le Wonderland burtonien, ont été filmées sur fond vert - code obligatoire pour ajouter des effets spéciaux - dans les studios de Los Angeles. Les décors ont été ajoutés en post-production. Helena Bonham Carter, Reine rouge à l’écran et femme de Tim Burton à la ville, ajoute : "Cette armée d’hommes en juste-au-corps verts est composée d'acteurs que l’on n’entend pas, que l’on ne voit pas mais ce sont eux les héros du film".
"Je voulais trouver mes propres marques et, au final, ça n’a rien d’un conte de fée"
Dans la première version de Disney, la petite Alice passe d’une aventure à une autre avec légèreté. Ici, le cinéaste délaisse ce monde gai et coloré au profit d’un Underland sombre et inquiétant ; un royaume vidé de ses couleurs et de sa vitalité par le règne brutal de la Reine rouge. Si les scènes de flashback sont représentées avec les illustrations de l’édition originale du conte, l’esthétisme inquiétant du nouvel Underland, allégorie de la répression, est construit en s'inspirant d’une photographie d’une famille anglaise prenant le thé devant sa maison pendant la Seconde Guerre mondiale.
itS’il faut attendre le 24 mars pour voir la dernière production burtonienne sur les écrans français, "Alice aux pays des merveilles" continue de faire la course en tête au box-office américain.