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L'Union africaine sanctionne le régime de Rajoelina

Andry Rajoelina et 108 de ses partenaires - membres du gouvernement, des hautes autorités, de l'armée ou des tribunaux - sont sous le coup de sanctions imposées par l'Union africaine pour avoir entravé le processus de sortie de crise.

AFP - L'Union africaine a décidé mercredi d'imposer des sanctions à l'actuel homme fort de Madagascar Andry Rajoelina, un an après sa prise de pouvoir, ainsi qu'à une centaine d'autres personnalités de son régime pour leur entrave au processus de sortie de crise.

"Nous avons décidé d'imposer des sanctions. Il y a une liste de 109 noms", a déclaré l'ambassadeur de la Zambie auprès de l'Union africaine et président en exercice du Conseil de paix et sécurité de l'UA, Albert M. Muchanga.

"La liste comprend 109 noms, y compris celui de Rajoelina et de ses partenaires clé", a confirmé le Commissaire à la paix et la sécurité de l'UA, Ramtane Lamamra.

"Les sanctions comprennent des refus de visas (interdiction de voyager), le gel d'avoirs financiers dans des établissements bancaires étrangers et des refus d'accréditation", a-t-il ajouté.

"Cela ne cible que le camp de Rajoelina. Principalement le gouvernement, les hautes autorités, des membres des forces armées, des tribunaux (...)", a précisé le commissaire de l'UA

"Il n'y a pas encore de société sur la liste mais des experts travaillent sur l'aspect économique et nous imposerons d'autres sanctions bientôt", a-t-il expliqué.

Cette décision intervient au lendemain de l'expiration d'un ultimatum de l'UA: l'organisation continentale et plus largement la communauté internationale exigeaient, sous peine de sanctions ciblées, l’application d’accords consensuels signés à Maputo et à Addis Abeba courant 2009 et prévoyant un partage du pouvoir entre les quatre mouvances impliquées dans la sortie de crise.

M. Rajoelina est sorti de ce cadre depuis décembre en limogeant le Premier ministre de consensus et en annonçant unilatéralement la tenue prochaine d’élections législatives.

Madagascar est plongée dans une crise politique grave depuis fin 2008, qui a conduit à l'éviction en mars 2009 du président Marc Ravalomanana et à son remplacement par son principal opposant et ancien maire d'Antananarivo M. Rajoelina, soutenu par l'armée.

La crise et l'impasse politique actuelles ont également entraîné la suspension de l’aide, vitale, des bailleurs de fonds et enfoncé un pays figurant parmi les plus pauvres de la planète dans une crise économique persistante.

"Nous pensons que les sanctions constituent un moyen d'aider les autorités à renouer avec les vertus du dialogue et de la négociation", a expliqué mercredi M. Lamamra.

"J'espère qu'elles auront pour effet d'encourager la sagesse. Aucune partie unilatérale n'est capable de résoudre la crise à elle seule", a-t-il estimé.

Mercredi matin, les forces de l'ordre ont dispersé à Antananarivo des petits groupes de manifestants opposés au régime de M. Rajoelina, un an jour pour jour après l'éviction de M. Ravalomanana.

Ces petits groupes de quelques dizaines de manifestants ont plusieurs fois tenté de bloquer la circulation en installant dans le centre-ville des barrages de pierres ou de briques, provoquant l’intervention des forces de l’ordre qui ont fait usage de grenades lacrymogènes.

Les trois principales mouvances politiques opposées à Andry Rajoelina, celles de M. Ravalomanana mais aussi des ex-présidents Didier Ratsiraka et Albert Zafy, avaient annoncé mardi que leurs partisans sortiraient dans la rue, après plusieurs mois de rassemblements quasi-quotidiens sur un parking cloisonné.

Le 17 mars 2009, sous la pression de la rue, Marc Ravalomanana avait remis ses pouvoirs à un directoire militaire qui les avait confiés dans la foulée à Andry Rajoelina, au terme d'un mouvement de contestation populaire entamé fin 2008 par l'ex-maire de la capitale.