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Le grand argentier allemand a répondu aux propos tenus, samedi, par son homologue française. Samedi, Christine Lagarde avait accusé l'Allemagne d'avoir adopté une politique économique néfaste pour l'ensemble de la zone euro.
Attaqué lundi par la ministre française de l’Economie, Christine Lagarde, qui affirmait que l’excédent commercial allemand menaçait la compétitivité dans la zone euro, Berlin a répliqué par média interposé, ce mardi.
C’est "injuste de la part de pays qui, dans le passé, ont vécu au-dessus de leurs moyens et ont négligé leur compétitivité de montrer du doigt d'autres pays", a ainsi riposté le grand argentier allemand, Rainer Brüder, dans un entretien accordé au journal "Frankfurter Allgemeine Zeitung".
"L'Europe affronte la vive concurrence du Japon, des Etats-Unis et d'autres économies. Nous devons aussi rendre nos produits compétitifs. Cela conduit pour les pays industriels comme l'Allemagne à des excédents commerciaux", a insisté le ministre, affirmant que l’Europe avait besoin de plus de réformes comme celles menées en Allemagne.
Dans une interview accordée, lundi, au "Financial Times", la ministre française de l’Economie avait critiqué de front l'orientation de l'économie allemande, estimant que Berlin devrait davantage stimuler sa demande intérieure pour permettre aux autres pays européens d'en profiter.
Christine Lagarde reproche clairement à Berlin d’avoir accru sa compétitivité et favorisé ses exportations en menant depuis 15 ans une politique de compression des coûts salariaux. En d’autres termes, la ministre française accuse l'Allemagne de faire cavalier seul. Des propos qui ont eu l'effet d'une bombe tant le ton adopté par Paris à l'égard de son principal partenaire en Europe est inhabituel.
Des pays de la zone choisissent leur camp entre Paris et Berlin
Face à la crise que traverse la Grèce, plombée par une dette de 300 milliards d'euros, l'Allemagne et la France, les deux premières économies de la zone euro et forces motrices de la monnaie unique, semblent de plus en plus divisées et fébriles. A l'image des autres pays membres de la zone.
Tandis que l’Autriche s’est rangée derrière son voisin germanique, tout comme le commissaire européen à l'Energie, l'Allemand Günther Oettinger, l’Espagne et le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, le Finlandais Olli Rehn, se sont ralliés à la cause française.
Ce dernier a souligné que "les pays disposant d'excédents de leurs comptes courants devraient promouvoir des réformes qui renforcent la demande intérieure", en précisant cependant que des pays comme la Grèce, avec d'importants déficits de leur balance commerciale et de leurs comptes courants, du fait d'une baisse de leur compétitivité, contribuaient aux écarts économiques croissants observés au sein de la zone euro.
La Grèce est confrontée à une profonde crise budgétaire et plusieurs responsables s'inquiètent des répercussions possibles sur le niveau de confiance en l'euro et sur d'autres économies de la zone, Espagne ou Portugal en tête. Mais l’Allemagne, championne de la rigueur budgétaire, ne veut pas favoriser le plus mauvais des élèves de la zone euros tandis que Paris défend une position plus conciliante.