Des pourparlers entre le Parti socialiste et ses alliés à l'appel aux abstentionnistes en passant par les triangulaires, FRANCE 24 propose un tour d'horizon des enjeux du second tour des régionales 2010.
Se dirige-t-on vers une nouvelle Gauche plurielle ?
Parti socialiste (PS), Front de gauche et Europe Ecologie : les acteurs des négociations de l’entre deux tours des élections régionales ne sont pas sans rappeler ceux qui, en 1997, s’étaient retrouvés sous la bannière de la Gauche plurielle à l’époque du gouvernement dirigé par Lionel Jospin.
"Comme à l’époque, le PS est devant, et les partis minoritaires ne peuvent pas être trop gourmands", confirme Pierre Bréchon, professeur à l’Institut d’études politiques (IEP) de Grenoble, et auteur de "La France aux urnes" (éd. La Documentation française). Mais au sein de cet attelage, les rapports de force ont beaucoup évolué. "Ils se sont même inversés, précise Jean Chiche, chercheur en sociologie électorale au Centre d’études de la vie politique en France (Cevipof). Ce n’est plus le Parti communiste [aujourd’hui rallié au Front de gauche, NDLR] qui est l’interlocuteur privilégié du PS, mais Europe Ecologie, qui est deux fois plus puissant."
La possibilité d’un accord plus large en vue de la reconquête du pouvoir en 2012 laisse toutefois le chercheur plus sceptique. "Au soir du deuxième tour des régionales, on va se retrouver dans un nouveau cycle où le Front de gauche jouera le rôle d’aiguillon des contestations sociales, tandis que le PS et ses alliés vont débuter les discussions sur des primaires ouvertes" censées aboutir à la nomination d'un candidat unique de la gauche lors de la prochaine présidentielle.
Le maintien du FN dans 12 régions constitue-t-il un désaveu pour Nicolas Sarkozy, qui entendait assécher le vote frontiste ?
La droite n’a pas réussi le même coup qu’en 2007, lorsque Nicolas Sarkozy avait capté une partie de l’électorat du Front national (FN) à la présidentielle. "En 2007, Nicolas Sarkozy apparaissait aux yeux de l’électorat d’extrême droite comme un candidat crédible capable de maintenir l’ordre, rappelle Pierre Bréchon. Mais en 2009, la crise économique a pris le dessus et a poussé ces électeurs vers le vote contestataire de leurs premières amours."
Le niveau d’abstention aurait également joué en faveur du FN. "La grande différence avec 2007, c’est l’abstention, observe Jean Chiche. Cette fois-ci, seule la fraction de la population la plus en colère, traditionnellement favorable au FN, a voté". Quant à l’impact du débat sur l’identité nationale, il demeure "inquantifiable" et n'a fait, selon le chercheur, que participer à un "climat général".
La droite peut-elle compter sur le réservoir des abstentionnistes pour le second tour ?
Au soir du premier tour, le Premier ministre François Fillon a appelé à une "mobilisation" pour le dimanche 21 mars, espérant ainsi obtenir les voix des électeurs de droite qui ne se seraient pas déplacés le 14 mars. "Généralement, en France, le second tour d’une élection amplifie le résultat du premier, et il est très rare de voir un inversement des tendances", rappelle Jean Chiche. Une analyse partagée par Pierre Bréchon, pour qui le taux d’abstention record garantit une réserve de voix pour les deux camps. "Le plus vraisemblable est que le taux d’abstention ne varie pas, ou seulement de 2 %", prévoit-il.