Au moins 45 personnes ont trouvé la mort dans le double attentat perpétré ce vendredi à proximité d'un marché très fréquenté de Lahore, dans l'est du Pakistan. Lundi, les Taliban avaient revendiqué une attaque similaire dans cette même ville.
En une semaine, deux attentats majeurs ont frappé l’armée et la police de Lahore, dans l’est du Pakistan, causant respectivement la mort de 15 et 45 personnes.
Le double attentat de ce vendredi visait un convoi militaire. Les kamikazes, à pied, se sont approchés de véhicules de l'armée stationnés dans un quartier militaire de cette cité de quelque 8 millions d'habitants, et ont fait exploser leurs bombes à proximité d'un marché très fréquenté, le RA Bazaar, où nombre de passants s’étaient pressés avant de rejoindre les mosquées pour la grande prière du vendredi.
Une attaque similaire a eu lieu lundi, qui visait cette fois le centre d’interrogatoire de la police spéciale, une branche très active des services antiterroristes. Celle-ci a immédiatement été revendiquée par les Taliban du Pakistan (TTP), principal mouvement d'insurgés islamistes qui a fait allégeance à Al-Qaïda dès sa création en décembre 2007.
"Les militants talibans adoptent des techniques de guérilla", déclarait, jeudi, Rehman Malik, le ministre pakistanais de l’Intérieur. Une "découverte" qui n’a pas manqué de déclencher les railleries de quelques experts désormais familiers des techniques de harcèlement de la rébellion talibane.
"Terrorisme défensif"
"Ce n’est pas nouveau, les mouvements insurgés du Pakistan sont clairement déstabilisés par la pression croissante qu’exercent sur eux les forces de sécurité et par la mort de leur leader Hakimullah Mehsud en janvier dernier", explique Ejaz Haider, spécialiste pakistanais des questions de sécurité. Originaire de Lahore, l’homme qualifie la stratégie actuelle des Taliban de "terrorisme défensif".
A l’heure où l’armée pakistanaise traque les mouvements insurgés au cœur de leurs zones d’influence, comme au Waziristan, les rebelles talibans semblent vouloir montrer leur force de frappe en visant des objectifs gouvernementaux, loin des champs de bataille, au cœur des grandes agglomérations. Azam Tariq, porte parole du TTP, réaffirmait cette semaine que son mouvement dispose de près de 3 000 volontaires kamikazes prêts à frapper l’état pakistanais si celui-ci ne cesse pas ses opérations.