logo

Tirs à Jos, des habitants se réfugient dans des casernes de police

Des coups de feu ont été entendus, mardi soir, dans un quartier chrétien de la périphérie de Jos (centre du Nigeria), où la tension est extrêmement vive depuis les tueries qui ont fait plusieurs centaines de morts, le week-end dernier.

La ville nigériane de Jos connaît une certaine accalmie, mercredi matin, après les coups de feu qui ont provoqué la panique dans le quartier de Tudun Wada, la veille. "Le calme est revenu progressivement dès hier soir", rapporte l’envoyée spéciale de RFI à Jos, Julie Vandal, "mais la tension reste encore très vive ce matin."

it
Correspondance de Julie Vandal, envoyée spéciale RFI à Jos

Des tirs à l’arme automatique ont éclaté à 21h (heure locale), mardi soir. "Cela a duré 10 minutes, les tirs étaient intenses", témoigne Julie Vandal. "Selon une source policière, cela s’est déroulé dans le quartier de Tudun Wada, majoritairement chrétien, situé à la périphérie nord de la ville. Les habitants suspectent un camion d’être rentré dans le quartier avec des membres de l’ethnie Fulani à bord." Mais selon le témoignage d’une résidente, Joséphine Emmanuel, recueilli par l’AFP, les coups de feu ont été tirés par la police pour disperser des chrétiens criant vengeance.

Des militaires sont descendus dans la zone pour ramener le calme, rapporte la correspondante de RFI, et auraient tiré en l’air pour que les gens rentrent chez eux. "Impossible de savoir si ces tirs ont fait des victimes", poursuit Julie Vandal.

L’alerte donnée, plusieurs centaines d’habitants ont trouvé refuge dans une caserne de police de Bukka Uku, un quartier chrétien de la périphérie de Jos. Les familles sont progressivement rentrées chez elles, mercredi matin, indiquent RFI et l’AFP.

L’armée mise en cause

Ces tensions font suite au massacre perpétué par des Haoussas et Fulanis musulmans dans des villages chrétiens de Dogo, aux alentours de Jos, la nuit de samedi à dimanche. Selon le ministre chrétien de l'Information de l'Etat du Plateau, le bilan est d'au moins 500 morts, mais d'autres sources locales, sécuritaires ou civiles, parlent plutôt de 200 à 400 morts. Des femmes et des enfants ont été tués à la machette ou brûlés.

Mardi, le gouverneur de l'Etat du Plateau, Jonah Jang, a accusé l'armée de ne pas être intervenue à temps et d'avoir ignoré les signaux d'alerte. "J'ai reçu un rapport à 21h00 (samedi, ndlr) qui faisait état de mouvements de gens armés aux alentours des trois villages, et j'ai transmis au commandant de l'armée qui m'a dit qu'il allait envoyer des troupes", a-t-il expliqué à des journalistes à Abuja.

La zone a été déclarée, dimanche soir, en état d'alerte maximum sur ordre du président par intérim Goodluck Jonathan. Elle était déjà en partie sous couvre-feu de 18h00 à 06h00 depuis de précédentes violences en janvier, où plus de 300 musulmans ont été tués par des chrétiens.

Les autorités locales ont annoncé les arrestations de 95 personnes, dimanche soir. Le président par intérim a congédié son conseiller à la sécurité, le général Sarki Mukhtar.
 

it
Analyse d'une spécialiste du Nigeria à l'université d'Oxford

Tags: Religion, Nigeria,