L'opposition critique l'implication dans la campagne du président Nicolas Sarkozy, qui avait pourtant expliqué le 25 janvier sur TF1 ne pas vouloir "nationaliser le débat". Explications avec le politologue Stéphane Rozès.
Stéphane Rozès est président du cabinet Conseils, analyses et perspectives (Cap). Il est également enseignant à HEC et Sciences-PO.
FRANCE 24 - Nicolas Sarkozy a accordé une interview au "Figaro Magazine" qui sera publiée vendredi et a effectué, ce mardi, un déplacement en Franche-Comté, région susceptible de basculer à droite. A-t-il nationalisé la campagne des régionales ?
Stéphane Rozès - Il y a eu trois temps dans la campagne. Nicolas Sarkozy a tout d’abord voulu s’impliquer car il y voyait un moyen de ressouder sa majorité. Dans un deuxième temps, son entourage lui a demandé de se mettre en retrait pour que son impopularité ne desserve pas les candidats. Enfin, le président a ouvert une troisième phase en recevant à l’Elysée les têtes de listes en Ile-de-France pour recadrer la campagne de son camp.
F24 - Pourquoi a-t-il décidé de s’impliquer de nouveau dans la campagne ?
S. R. - Il y a une double raison à cela. Tout d’abord, Nicolas Sarkozy pense qu’il peut recréer du clivage droite-gauche. Or, un clivage plus marqué peut remobiliser l’électorat de droite, et la majorité craint actuellement que son électorat traditionnel ne s’abstienne fortement. Deuxièmement, il se remobilise pour donner l’image d’un président qui aura "mouillé la chemise" pendant la campagne, quel que soit le résultat. C’est un pari hasardeux puisque la plupart des électeurs se déplaceront aux urnes pour des raisons locales plus que nationales.
F24 - Pourquoi a-t-il d’ores et déjà écarté l’idée d’un remaniement ministériel de grande ampleur ?
S. R. - Simplement parce que Nicolas Sarkozy n’aime pas donner le sentiment qu’il oriente son action politique en fonction de l’opinion publique ou du résultat des élections.