
Les dossiers du Sahara occidental et des droits de l'Homme ont dominé les débats du premier sommet entre l'Union européenne et le Maroc qui s'est déroulé ce week-end en Espagne, consacrant le statut avancé accordé à Rabat par Bruxelles en 2008.
AFP - Le président du Conseil européen, le Belge Herman Van Rompuy, a fermement invité dimanche le Maroc à réaliser "davantage de progrès" dans le domaine des droits de l'homme, notamment au Sahara occidental, au cours du premier sommet de l'UE avec ce pays maghrébin.
Le contentieux du Sahara occidental et la question des droits de l'homme ont, selon une source diplomatique européenne, dominé ce sommet qui s'est déroulé à Grenade (sud) pour consacrer le "statut avancé" accordé fin 2008 par l'UE au Maroc, qui en fait un partenaire privilégié des 27, notamment sur le plan économique.
L'UE espère en contrepartie du Maroc "davantage de progrès dans le respect des valeurs fondamentales et des droits de l'homme", a souligné M. Van Rompuy, qui présidait son premier sommet européen avec un pays tiers depuis qu'il a accédé en janvier à cette fonction créée par le traité de Lisbonne.
Faisant mentir ses détracteurs qui le décrivent comme un personnage falot, il a souligné avoir adressé un message "clair et sans équivoque" à ce sommet, dont la déclaration finale, négociée pendant deux semaines, aborde la question des droits de l'homme en termes très diplomatiques.
Reporters sans frontières (RSF) avait vendredi attiré l'attention des dirigeants européens "sur la dégradation très inquiétante de la situation de la liberté de la presse au Maroc au cours des derniers mois".
Un contre-sommet pro-Polisario à Grenade
Des militants pro-Polisario ont de leur côté organisé un contre-sommet pour protester contre le "statut avancé" accordé par l'UE au Maroc en dépit du blocage du contentieux du Sahara occidental et de la situation des droits de l'homme dans ce territoire administré par le Maroc.
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté dimanche à Grenade aux cris de "Sahara libre", avec à leur tête la militante des droits de l'homme Aminatou Haidar, tandis qu'une manifestation pro-marocaine était prévue dans l'après-midi.
Mme Haidar faisait sa première apparition publique depuis la grève de la faim de 32 jours à retentissement international qu'elle avait observée fin 2009 en Espagne pour protester contre son expulsion par les autorités marocaines.
Sur le plan politique, l'UE soutient les efforts de l'ONU pour "une solution juste, durable et mutuellement acceptable" au contentieux du Sahara occidental, a déclaré M. Van Rompuy.
"Nous souhaitons aussi des améliorations de la situation des droits de l'homme dans ce contexte et de leurs défenseurs", a-t-il dit.
"On ne peut pas détruire l'intégrité du Maroc à partir d'un cas ou deux", a répondu le Premier ministre marocain, Abbas el Fassi, assurant que "85% de la population (du Sahara occidental) est attachée à sa nationalité marocaine".
Rabat estime que le Sahara occidental, ex-colonie espagnole annexée en 1975, fait partie intégrante du royaume et propose une large autonomie sous sa souveraineté. Le Front Polisario, soutenu en particulier par l'Algérie, réclame un référendum d'autodétermination incluant l'option de l'indépendance.
Le Premier ministre marocain s'est en retour livré à une charge en règles contre l'Algérie.
Il a vivement accusé la sécurité militaire algérienne de "violer constamment les droits de l'homme" dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf (sud algérien), où il n'y a, selon lui, ni liberté de parole ni liberté de mouvement.
"Nous avons présenté un plan de règlement, c'est l'autonomie. Les autres parties n'ont rien présenté. L'Algérie, ça l'arrange le +ni guerre, ni paix+, peut-être pour des raisons intérieures", a lancé M. Abbas el Fassi.
Dans un message officiel au sommet, auquel il n'a pas participé, le roi Mohammed VI du Maroc a appelé à un "règlement politique du différend artificiel" du Sahara Occidental fondé sur de la proposition marocaine.