
Les électeurs ont été nombreux à se rendre dans les bureaux de vote - désormais fermés -, ce dimanche, pour désigner leurs députés, malgré une série d'attentats qui a fait 38 morts au moins. Al-Qaïda avait juré de torpiller le scrutin.
Les bureaux de vote ont fermé à 17 heures, heure locale, en Irak, au terme d'une journée marquée par une série d'attentats. Selon un dernier bilan fourni par une source au ministère de l'Intérieur, au moins 38 personnes ont été tuées et 110 blessées.
L'effondrement d'un immeuble, détruit à la dynamite, a notamment fait 25 morts dans le quartier Our, dans le nord de Bagdad. Des tirs de mortier et des explosions ont retenti dans la capitale et dans des villes à majorité sunnite dès l'ouverture des bureaux de vote, ce matin.
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"Malgré les tirs de mortier, malgré les promesses d'Al-Qaïda de tout faire pour perturber le scrutin, malgré les tirs de roquettes et les voitures piégées dans la capitale irakienne, les Irakiens sont venus voter, a constaté l'envoyé spécial de FRANCE 24 à Bagdad, Lucas Menget. On entend des explosions régulières, des tirs de mortier, mais les Irakiens se rendent dans les bureaux de vote, en famille, assez tranquillement."
Les sunnites se sont davantage déplacés
"Il y a des files d'attentes assez longues dans de nombreuses zones du pays, notamment dans les régions sunnites, poursuit celui-ci. Il faut se souvenir que, par exemple, dans la zone de Fallouja et Ramadi, seulement 3 000 personnes avaient voté en 2005. Cette année, il n'y a pas de boycott sunnite du scrutin."
Selon les premières estimations des responsables locaux, les régions sunnites
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semblent d'ailleurs avoir davantage voté que les provinces chiites. Près de 90 % des électeurs se seraient rendus aux urnes dans la province de Diyala, 82 % dans la ville de Samarra et 60 % dans le gouvernorat de Ninive, alors que le taux de participation se situe entre 55 % et 60 % dans des provinces chiites comme Diwaniya, Najaf ou Nassiriya.
Le réseau d'Oussama Ben Laden avait menacé de mort quiconque participerait à ces élections, les deuxièmes depuis le renversement de Saddam Hussein. Ce scrutin est jugé crucial pour la stabilité de l'Irak, à six mois du départ des troupes de combat américaines et à moins de deux ans du retrait total des États-Unis du pays. Plusieurs centaines de milliers de militaires et de policiers étaient chargés de protéger les 46 000 bureaux de vote.
12 coalitions, 74 partis, 2 favoris
Quelque 19 millions d'électeurs étaient appelés à désigner les 325 députés du Parlement irakien élus pour un mandat de quatre ans. Douze coalitions et 74 partis sont en lice. Deux listes font néanmoins figures de favorites : l'Alliance pour l'État de droit, à forte connotation religieuse chiite, du Premier ministre sortant Nouri al-Maliki qui espère être reconduit dans ses fonctions, et le Bloc Irakien, laïque, dirigé par l'ancien chef du gouvernement Iyad Allawi, qui tente de revenir dans le jeu politique.
"Cette fois-ci, les listes ont essayé de rallier assez largement des chrétiens, des Kurdes, des sunnites, des chiites, avec un spectre politique assez large, explique Lucas Menget. Les chiites, qui représentent l'immense majorité des Irakiens, ont compris qu'ils ne pouvaient pas diriger seuls le pays et qu'ils avaient besoin de nouer des alliances."
Américains et Européens saluent le courage des Irakiens
Le président américain Barack Obama a qualifié ce scrutin d'"étape importante" pour l'histoire de l'Irak. Il a félicité les électeurs irakiens, qui ont "défié les menaces pour faire avancer leur démocratie". "Nous savons que l'Irak va faire face à des jours très difficiles et qu'il y aura probablement plus de violences, a-t-il ajouté, mais comme tout pays souverain et indépendant, l'Irak doit avoir la liberté de choisir son propre chemin."
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© {{ scope.credits }}La diplomate en chef de l'Union européenne, Catherine Ashton, a salué pour sa part le "nombre significatif" d'Irakiens ayant participé au scrutin malgré les attentats, estimant que ce taux de participation "mérite le respect". Paris et Londres ont, quant à eux, également salué "le courage" et "la détermination" des électeurs.
Les Irakiens "ne veulent pas se laisser impressionner par qui ce soit", a déclaré à FRANCE 24 Rachida Dati, eurodéputée française et observatrice des élections irakiennes présente à Bagdad. Ils veulent prendre leur destin en main, ils veulent une démocratie moderne en Irak. Nous devons les aider et contribuer à cela."
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