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Les funérailles d'Orlando Zapata Tamayo, un opposant cubain décédé mardi des suites d'une grève de la faim longue de 85 jours, se déroulent ce jeudi à Cuba. Les autorités ont procédé à l'arrestation préventive de près d'une trentaine d'opposants.

AFP - Le prisonnier politique cubain Orlando Zapata, décédé mardi des suites d'une grève de la faim, devait être inhumé jeudi dans la localité de Banes (est de Cuba) sous l'oeil vigilant des forces de l'ordre ayant procédé la veille à une série de détentions préventives.

Le corps de Zapata escorté par les forces de sécurité est arrivé mercredi dans cette localité sise à 840 km à l'est de La Havane et devait être inhumé en principe à 07h00 locales (12h00 GMT), selon des dissidents interrogés par l'AFP.

Madrid appelle à la libération des prisonniers politiques

Le Président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, a exigé, ce jeudi, la libération de tous les prisonniers politiques cubains, après la mort de l'opposant Orlando Zapata des suites d'une grève de la faim.

Purgeant depuis 2003 une peine de 32 ans de prison pour entre autres désobéissance civile, ce maçon et activiste radical est décédé à l'âge de 42 ans dans un hôpital de La Havane après une grève de la faim de deux mois et demi pour protester contre ses conditions de détention dans l'est du pays.

Depuis mardi, une trentaine d'opposants, pour la plupart de la province orientale de Holguin, ont été interpellés par les forces de sécurité qui en retiendraient d'autres à leur domicile pour les empêcher d'assister aux obsèques, a affirmé la Commission cubaine pour les droits de l'Homme, une organisation illégale mais tolérée par le pouvoir cubain.

Des policiers en civil et des agents de la Sécurité d'Etat se sont également déployés aux entrées de la ville ainsi qu'aux alentours du cimetière et de la maison de la mère de Zapata, Reina Luisa Tamayo, ont affirmé des dissidents sur place, des déclarations impossibles à confirmer auprès d'autres sources.

Il a été conseillé aux journalistes étrangers en poste à Cuba - qui attendent pour la plupart depuis un an le renouvellement de leur accréditation - de ne pas se rendre à Banes pour cette affaire passée sous silence par leurs collègues des médias cubains.

Dans ce pays pauvre où la majorité de la population n'a pas accès à internet et où les médias sont sous étroite surveillance de l'Etat, seul le site internet officiel Cubadebate.cu a diffusé brièvement les "regrets" formulés mercredi par le président Raul Castro pour la mort de Zapata, avant de les faire disparaître sans explication.

Ce premier décès d'un prisonnier politique cubain depuis celui du leader étudiant Pedro Luis Boitel en 1972 a suscité des réactions consternées aux Etats-Unis et en Europe qui ont à nouveau réclamé la libération de tous les prisonniers politiques (200 selon la dissidence), mais sans remettre en cause leur dialogue actuel avec l'île communiste.

Ami des frères Fidel et Raul Castro, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, dont la visite à La Havane a coïncidé avec cette affaire, a été le seul dirigeant d'Amérique latine à exprimer mercredi ses "profonds regrets" pour la mort de Zapata.

La mère de Zapata et des dissidents ont accusé le gouvernement de Raul Castro d'avoir "laissé mourir" le gréviste de la faim, victime selon eux de mauvais traitements et de violences racistes en prison en raison de sa peau noire.

Mais le président Castro a rejeté ces accusations en affirmant qu'il n'y "avait pas eu d'exécutions ni de torture" à Cuba. "Cela se passe dans la base (américaine) de Guantanamo" (sud-est de Cuba), a-t-il dit dans des propos rapportés par Cubadebate et transmis à la presse étrangère par les autorités cubaines.

Pratiquement inconnus à Cuba et formant un mouvement éclaté sans véritable leader, les dissidents sont considérés par les autorités cubaines comme des "agents" et "mercenaires" à la solde de l'"ennemi" américain qui impose depuis 48 ans un embargo contre Cuba.

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