
Le vainqueur de la présidentielle ukrainienne du 7 février, Viktor Ianoukovitch, a prêté serment, ce jeudi. Sa concurrente, Ioulia Timochenko, qui estime que le scrutin a donné lieu à des fraudes, refuse toujours de reconnaître sa défaite.
AFP - Le président ukrainien élu Viktor Ianoukovitch se préparait mercredi à son investiture, tandis que sa rivale défaite Ioulia Timochenko luttait bec et ongles pour préserver son poste de Premier ministre dans un climat politique tendu.
La cérémonie doit commencer jeudi à 10HOO locales (08H00 GMT) au Parlement. M. Ianoukovitch doit prêter serment, la main droite posée sur la Constitution et un Evangile datant du 16 siècle, puis s'adresser à la Nation.
Il se rendra ensuite dans les locaux de l'administration présidentielle pour y prendre formellement le commandement des forces armées.
"Tout se déroulera sans fanfare, de façon très modeste, sans gaspillage inutile de fonds budgétaires", l'Ukraine étant un des pays les plus touchés par la crise économique mondiale, a assuré à la télévision une proche du président élu, la députée Ganna Guerman.
"Onze chefs d'Etat, (...) plus de 15 ministres des Affaires étrangères et quatre présidents de Parlements" ont déjà confirmé leur arrivée, a pour sa part indiqué le chef de la diplomatie ukrainienne Petro Porochenko selon les images retransmises par la télévision.
Parmi les invités figurent la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton et le conseiller à la sécurité nationale du président américain Barack Obama, le général James Jones. La Russie sera représentée par le président de la Douma (chambre basse du Parlement) Boris Gryzlov.
Réputé pro-russe, M. Ianoukovitch a prévu de se rendre à Bruxelles pour sa première visite à l'étranger lundi. Il se rendra également à Moscou début mars, selon le Kremlin.
Peu avant l'investiture du nouveau président, le patriarche orthodoxe russe Kirill célèbrera une liturgie dans un monastère de la capitale ukrainienne, à laquelle assistera M. Ianoukovitch.
Viktor Ianoukovitch (59 ans) deviendra le quatrième chef de l'Etat ukrainien depuis l'indépendance du pays en 1991, succédant au pro-occidental Viktor Iouchtchenko, qui cinq ans plus tôt l'avait privé de la magistrature suprême.
Sa "victoire" électorale avait alors été annulée pour fraudes sous la pression d'un soulèvement populaire pacifique et pro-occidental, baptisé "Révolution orange".
Cette fois, les observateurs internationaux ont jugé le scrutin libre et honnête. Mais la rivale de M. Ianoukovitch, le Premier ministre Ioulia Timochenko, n'en refuse pas moins de reconnaître sa défaite, argant de fraudes massives lors du vote du 7 février.
Et le climat reste très tendu entre les deux ex-candidats: le Parti des régions de M. Ianoukovitch a déposé au Parlement une motion de censure pour tenter de faire tomber le gouvernement qu'elle dirige.
Un vote à ce sujet et la formation d'une nouvelle nouvelle coalition gouvernementale devraient avoir lieu la semaine prochaine, a estimé le vice-président du Parlement Olexandre Lavrinovitch, un proche du président élu, cité par Interfax.
Mme Timochenko a pour sa part assuré que ses adversaires n'avaient pas assez de voix pour la destituer.
Si M. Ianoukovitch échoue à obtenir son départ faute de majorité parlementaire, il pourrait avoir à composer avec Mme Timochenko et son cabinet jusqu'à la fin de la session parlementaire courante en juillet, la loi ukrainienne ne permettant qu'une seule motion de censure pendant une session.