Sous la pression du gouvernement nippon, le PDG de Toyota, Akio Toyoda, a finalement accepté de témoigner devant le Congrès américain le 24 février prochain. Il devra expliquer le rappel de près de 8,7 millions de véhicules défectueux dans le monde.
AFP - Le PDG de Toyota, Akio Toyoda, a finalement accepté vendredi de témoigner le 24 février devant une commission du Congrès des Etats-Unis sur les voitures défectueuses produites par le géant japonais.
La commission de la Surveillance et de la réforme du gouvernement de la Chambre des représentants a également adressé une citation à comparaître à l'ancien avocat de Toyota Dimitrios Biller, qui a publiquement accusé le constructeur d'avoir caché et détruit des preuves.
M. Toyoda faisait l'objet de fortes pressions, notamment de la part du gouvernement nippon, pour qu'il s'explique directement devant les parlementaires américains sur les défauts techniques qui ont entraîné, depuis l'automne, le rappel de quelque 8,7 millions de véhicules dans le monde.
Le PDG avait initialement indiqué qu'il snoberait une audition du 24 février sur les problèmes de Toyota devant la commission du Congrès et qu'il enverrait à sa place le patron du groupe pour l'Amérique du Nord, Yoshimi Inaba.
Mais M. Toyoda a changé d'avis après avoir reçu une invitation formelle de la part du président de cette commission, Edolphus Towns.
"J'ai reçu l'invitation à témoigner de M. Towns (...) et j'accepte", a annoncé M. Toyoda dans un communiqué. "Je suis impatient de parler directement au Congrès et au peuple américain", a-t-il ajouté.
"Ce que je veux souligner, c'est notre détermination à trouver les causes (des problèmes techniques) et à assurer la sécurité", a ensuite déclaré M. Toyoda au cours d'un point de presse à Nagoya, dans le centre du Japon.
M. Towns et son collègue républicain Darrell Issa se sont félicités de l'annonce de la présence du PDG à Washington. "Nous sommes heureux que M. Toyoda ait accepté l'invitation pour témoigner devant la commission. Nous pensons que son témoignage sera utile pour comprendre les démarches entreprises par Toyota pour assurer la sécurité des conducteurs américains", ont-ils réagi.
Toyota est visé aux Etats-Unis par de nombreuses plaintes en nom collectif de la part d'automobilistes qui l'accusent d'avoir tardé à révéler l'existence des défauts dans les pédales d'accélération ou le système de freinage de plusieurs modèles. A en croire les plaignants, ces défauts ont provoqué la mort d'au moins 34 personnes sur les routes américaines.
Le premier constructeur automobile mondial fait également l'objet d'une enquête officielle sur des problèmes de transmission de son modèle vedette Corolla, la voiture historiquement la plus vendue dans le monde.
M. Toyoda, notoirement avare d'apparitions publiques, a été critiqué au Japon pour son long silence au début de la crise des rappels. Le gouvernement japonais l'a même fermement invité à se rendre devant le Congrès.
"Le président Toyoda aurait dû annoncer sa présence beaucoup plus tôt, car vu les circonstances il n'avait d'autre choix que d'aller au Congrès", a commenté Mamoru Kato, analyste au Tokai Tokyo Research Center.
"Toyota espère que sa présence calmera les esprits, mais c'est improbable", a-t-il ajouté. "Il n'y a aucun signe d'apaisement".
La commission de la Chambre des représentants a également ordonné à l'avocat Dimitrios Biller, qui a travaillé pour le groupe nippon de 2003 à 2007, de lui remettre "tous les documents relatifs à la sécurité des véhicules Toyota et à la gestion par Toyota des cas de défauts techniques".
Dans une interview à la chaîne américaine ABC, M. Biller a accusé Toyota d'entretenir "une culture d'hypocrisie et de manipulation" et d'avoir caché aux régulateurs et au public américains des preuves sur les défauts techniques.
M. Biller et Toyota, qui nie catégoriquement les accusations de son ancien avocat, se sont mutuellement assignés en justice.