Après Londres et Dublin, Paris et Berlin convoquent les ambassadeurs d'Israël au sujet de l'utilisation de passeports européens par les meurtriers d'un chef du Hamas à Dubaï. La police de l'émirat est sûre "à 99 %" de l'implication du Mossad.
Après Londres et Dublin, c’est au tour de Paris et Berlin de demander des comptes à Israël à propos de l’assassinat d’un chef du mouvement palestinien Hamas, Mahmoud al-Mabhouh, en janvier à Dubaï. Les auteurs du meurtre, suspectés d’appartenir au service de renseignement israélien, le Mossad, étaient détenteurs de passeports britanniques, irlandais, français et allemand.
"Nous demandons des explications à l'ambassade d'Israël en France sur les circonstances de l'utilisation d’un faux passeport français dans l'assassinat d'un membre du Hamas à Dubaï", a précisé jeudi midi Bernard Valero, porte-parole du Quai d’Orsay.
Les ambassadeurs israéliens en Irlande et en Grand-Bretagne ont également été "invités" jeudi matin à s’expliquer devant les autorités britannique et irlandaise. "L’utilisation de faux passeports constitue un incident extrêmement sérieux", a estimé jeudi Michael Martin, ministre irlandais des Affaires étrangères. Mercredi, le Premier ministre britannique Gordon Brown avait annoncé l’ouverture d’une enquête sur cette affaire.
Dirigeant des brigades Ezzedine al-Qassam
Mahmoud al-Mabhouh a été retrouvé mort, le 20 janvier, dans sa chambre d’hôtel à
itDubaï. Le Palestinien, âge de 50 ans, était l’un des dirigeants et fondateurs de la branche armée du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam. Activement recherché par les services secrets israéliens, il avait fui Gaza pour s’installer en Syrie en 1989.
Onze personnes - dix hommes et une femme - munis de passeports européens (six britanniques, trois irlandais, un français et un allemand), ont été identifiées le 15 février par la police de Dubaï comme étant les auteurs du meurtre. Les onze ont été inscrits par Interpol à la liste rouge des personnes les plus recherchées.
Pour la plupart des journaux israéliens, le Mossad se trouve derrière l’assassinat du dirigeant du Hamas. Le quotidien de gauche "Haaretz" est allé jusqu’à s’interroger sur la manière dont Israël peut "justifier de porter atteinte à des relations avec des pays européens amis en utilisant leurs passeports pour tuer Mahmoud [al-Mabhouh]".
"Un lien clair" entre les suspects et Israël
Avigdor Lieberman, le ministre israélien des Affaires étrangères, a mollement contesté mercredi l’implication des services secrets israéliens dans l’assassinat. "Il n’y a aucune raison de penser qu’il s’agissait du Mossad israélien", a-t-il déclaré mercredi, avant d’ajouter : "Nous n’avons aucune raison d’être inquiet."
Pourtant, jeudi, dans le journal du gouvernement émirati "The National", la police de Dubaï a formellement accusé le Mossad. "Les indices dont dispose la police de Dubaï montrent un lien clair entre les suspects et des gens en relation directe avec Israël. Il est certain à 99 %, sinon à 100 %, que le Mossad est derrière le meurtre de Mahmoud al-Mabhouh", a affirmé le chef de la police, Dhahi Khalfan.
Le 5 février, le général Khalfan avait déclaré qu’il lancerait un mandat d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s’il était prouvé que le Mossad était responsable de la mort de Mahmoud al-Mabhoub. Les Emirats arabes unis étaient jusqu’à présent l’un des seuls Etats du monde arabe à entretenir des liens pacifiques avec Israël.