Interviewé sur FRANCE 24, le prince Reza Pahlavi, fils aîné du dernier shah d’Iran, évoque les manifestations qui ont émaillé les célébrations du 31e anniversaire de la révolution islamique et appelle les pays étrangers à soutenir l'opposition.
"Avec la nature répressive de ce régime, on s'attendait à ce qu’il réagisse d’une manière très radicale." Trente-et-un ans après la révolution islamique, la position de Reza Pahlavi, fils aîné du dernier shah d'Iran, n'a pas bougé d'un iota.
Exilé depuis 1978 aux États-Unis où il a suivi des études militaires, Reza Pahlavi s’est forgé une réputation d’opposant farouche au régime des mollahs. Toutefois, l'homme n'a jamais appelé de ses vœux une intervention militaire pour y mettre fin. Au contraire : il a toujours défendu le renversement de l’ordre établi par un mouvement de "désobéissance civile", à l’image des dissidences qui ont fait imploser l’ancien bloc de l’Est.
"Le peuple réclame la liberté"
Interviewé ce vendredi sur FRANCE 24, au lendemain des manifestations organisées à l'occasion des commémorations du 31e anniversaire de la révolution islamique, le prince n’a pas dit autre chose. Malgré la répression, il croit toujours en la pérennité du soulèvement : "Le mouvement se poursuit parce que le peuple réclame la liberté […]. Le régime fera tout pour essayer de l’étouffer."
Reza Pahlavi, qui se présente comme un partisan modéré de la monarchie, estime que la population appuie massivement ce soulèvement : "Je pense que les Iraniens apprécient l'esprit pluraliste de ce mouvement, le fait que l'on y trouve une unité dans la diversité. L’unité, dans le sens où ce que nous réclamons tous, c’est la souveraineté de la nation qui n’a jamais été respectée par ce régime."
Une perspective qui ne se fera pas sans l'appui des puissances occidentales, estime-t-il : "Il faut soutenir l'opposition iranienne de manière beaucoup plus directe. En 30 ans, le dialogue n'a eu lieu qu'avec le régime et ses représentants. N’est-il pas temps d’engager un dialogue direct avec l’opposition, de la soutenir plus directement plutôt que de compter sur des sanctions extérieures pour changer la donne ?"
Référendum
Ce dialogue doit, selon lui, être engagé par "tous les pays démocratiques, y compris la France".
Reza Pahlavi affiche par ailleurs ouvertement ses ambitions pour l'Iran. Ainsi, il souhaite l'organisation d'un référendum pour décider si le régime en place convient à une majorité du peuple iranien ou pas. Une consultation du peuple qui, selon lui, débouchera sur un "non" massif.
Dans un second temps, il conviendra de travailler à la mise en place "d'une monarchie parlementaire" ou d'une "république parlementaire" en Iran, deux projets de "régime parlementaire laïc" qu'il estime constitutionnellement "très proches".
Mais même dans la perspective d'un retour à la monarchie, Reza Pahlavi refuse de se prononcer ouvertement sur le rôle qu'il pourrait jouer au sein de ce nouveau régime et botte en touche.
Une mise en retrait commentée par de nombreux observateurs, tel l’ancien ministre du shah Houchang Nahavandi, qui constate que Reza Pahlavi est effectivement "assez silencieux" et n’a, pour le moment, pas la carrure pour jouer "ce rôle de chef charismatique d'un mouvement de restauration nationale en Iran".