Des heurts ont opposé les forces de sécurité iraniennes et des manifestants, en marge des commémorations du 31e anniversaire de la révolution islamique. Mahmoud Ahmadinejad a une nouvelle fois défié l'Occident sur la question nucléaire.
Des Iraniens ont brandi, ce jeudi, drapeaux et portraits de l'ayatollah Ali Khamenei, pendant que d'autres ont crié "Mort au dictateur". Alors qu'une foule de manifestants a célébré le 31e anniversaire de la Révolution islamique, des opposants au régime se sont rassemblés en divers lieux de Téhéran et des principales villes du pays pour montrer leur opposition au régime.
En l'absence de journalistes étrangers, non autorisés à couvrir les mouvements de l'opposition, la télévision publique avance que des "dizaines de millions de personnes" ont participé aux rassemblements officiels à travers le pays, qui compte 70 millions d'habitants. Ils étaient, selon l'AFP, des centaines de milliers.
L'opposition, à travers des sites réformateurs tels que Jaras ou La Voix verte de l'Iran et des blogs, relate des heurts, qui continuaient en fin de journée, et des dizaines d'arrestations. Elle fait état de coups de feu et de l'usage de gaz lacrymogènes contre des manifestants.
L'épouse de Moussavi passée à tabac
En février 1979, après 15 années d’exil, l’ayatollah Khomeiny profitait du renversement du shah par le peuple pour prendre le pouvoir. Il remplace alors la monarchie par une théocratie reposant sur des principes énoncés par des juristes islamistes. Khomeiny restera le leader suprême iranien jusqu’à sa mort en 1989.
Les leaders de l'opposition, notamment, ont été la cible d'attaques, rapportent plusieurs sites réformistes. Mehdi Karoubi a dû quitter les manifestations après que son véhicule a été attaqué par les forces de sécurité. Ali, l'un de ses fils, aurait été enlevé. Hossein, un autre fils de Mehdi Karoubi, a lui déclaré que ce jeudi était "la journée la plus violente des huits derniers mois".
L'épouse de Mir Hossein Moussavi - un ancien Premier ministre devenu la principale figure du camp réformateur -, Zahra Rahnavard, aurait été battue par des agents en civil équipés de matraques. Elle serait blessée à la tête et au dos. Ses supporters ont réussi à former une barrière humaine pour lui permettre de s'échapper. L'ancien président réformateur Mohammad Khatami aurait lui aussi été attaqué.
"L'opposition reconnaît que la mobilisation a été particulièrement difficile dans la mesure où les autorités ont vraiment mis le paquet sur la répression. Dès ce matin, des miliciens islamistes ont été déployés dans les principales villes, ainsi que les forces de l'ordre qui ont régulièrement attaqué les protestants avec du gaz lacrymogène", assure à FRANCE 24 la correspondante du Figaro au Moyen-Orient, Delphine Minoui.
itAu cours de ces rassemblements, de nombreux individus auraient été arrêtés. Selon plusieurs sites, au moins 100 personnes, notamment des étudiants et des jeunes, ont été arrêtées dans la ville sainte de Mashhad, dans le nord-est du pays. À Shiraz, dans le sud de l'Iran, plus de 20 personnes auraient été interpellées.
De nouvelles manifestations de l'opposition pourraient avoir lieu dans la soirée. Des appels au rassemblement sur différentes places centrales de Téhéran, devant la station de télévision officielle et à la prison d'Ervin, située au nord de la capitale, ont été lancés sur les sites de réseaux sociaux.
Bombe atomique
Devant la foule de ses partisans, réunis place Azadi ("Liberté") à Téhéran, le président Mahmoud Ahmadinejad a annoncé que l'Iran était désormais capable d'enrichir de l'uranium à plus de 80 %, soit quasiment le niveau nécessaire pour fabriquer une bombe atomique.
"La nation iranienne aura assez de courage pour annoncer publiquement qu'elle a fabriqué des armes nucléaires, si tel est le cas un jour", a-t-il lancé en s'adressant à l'Occident, qui soupçonne Téhéran de vouloir mettre au point de telles armes. Les Iraniens assurent, pour leur part, que leur programme nucléaire est purement civil.
"Lorsque nous disons que nous ne mettrons pas au point de bombes atomiques, cela veut dire que nous ne le ferons pas parce que nous n'en voulons pas !", a-t-il ajouté.
De son côté, l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch a publié, ce jeudi, un nouveau rapport dans lequel elle dénonce les mesures de répression du régime iranien. "L'étendue des mesures de répression menées par le gouvernement iranien depuis les élections contestées de juin 2009 est plus large, et les abus plus flagrants que ce qui a été rapporté jusqu'ici", constate l'ONG. Elle cite notamment des cas d'éxecutions sommaires, de viols, de tortures, d'arrestations, de détentions arbitraires et de violations de la liberté de rassemblement et d'expression.
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