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Les salariés du Louvre votent la reconduction de la grève
Le plus célèbre musée du monde ne rouvrira pas ses portes mercredi. Les salariés du Louvre ont décidé dans la matinée de poursuivre la grève débutée lundi.
Des soldats français du plan de sécurité Sentinelle patrouillent devant la pyramide du Louvre, le 17 décembre 2025. © Abdul Saboor, Reuters

Les touristes vont devoir attendre. Les salariés du Louvre ont décidé, mercredi 17 décembre, de reconduire la grève qui avait déjà empêché le musée d'ouvrir lundi. Une nouvelle épreuve pour un établissement en crise dont la présidente est réentendue en fin de journée au Sénat sur les failles de sécurité.

Dans la tourmente depuis le casse du 19 octobre, le Louvre a gardé ses portes closes lundi après la décision unanime de quelque 400 agents de débrayer contre les problèmes de sous-effectifs, la dégradation du bâtiment ou la hausse des tarifs pour les non-Européens.

"Exaspération des agents"

Partagés entre déception et résignation, les touristes, nombreux en cette fin d'année, ont dû rebrousser chemin. Le musée parisien était resté clos mardi, son jour de fermeture hebdomadaire.

Lundi, une réunion de crise avait eu lieu avec les syndicats au ministère de la Culture, en première ligne dans ce dossier, pour répondre à la colère des agents, également nourrie par la succession d'avanies depuis le cambriolage (fermeture d'une galerie, ouvrages anciens endommagés par une fuite...).

"Il y a une grande exaspération des agents", affirme à l'AFP Christian Galani, délégué CGT, syndicat majoritaire au Louvre. "Ce n'est pas en donnant un petit os que ça va se régler."

"Tout semble indiquer que le Louvre manque de moyens, et pourtant la trésorerie est de 168 millions d'euros et les recettes sont multiples, de la billetterie (125 millions d'euros en 2024) au mécénat, en passant par l'exploitation de la marque ou la licence 'Louvre Abu Dhabi', auxquels il faut encore ajouter 98 millions d'euros de subventions de l'État", note la chroniqueuse économie de France 24 Laure Manent. "Là où le Louvre pêche, c'est donc dans le choix de l'utilisation de ses fonds."

Outre l'annulation de la baisse prévue de 5,7 millions d'euros de dotation au Louvre pour 2026, le ministère propose d'ouvrir des recrutements dédiés à l'accueil et à la surveillance du musée, et d'effectuer une revalorisation indemnitaire, que les syndicats voudraient pérenne.

Trois réunions ont déjà eu lieu au ministère la semaine dernière, dont l'une avec Rachida Dati, sans parvenir à empêcher la fermeture du musée le plus visité au monde.

La présidente du Louvre entendue au Sénat

Fragilisée encore davantage par ce conflit social, la présidente du Louvre passera à nouveau, à partir de 16 h 30, sur le gril de la commission de la culture du Sénat, qui cherche à éclairer les failles sécuritaires du musée.

Le 22 octobre, trois jours après le vol des huit joyaux de la Couronne, Laurence des Cars avait déjà reconnu un "échec" devant les sénateurs mais défendu son action, assurant notamment avoir "accéléré l'élaboration" du schéma directeur de sûreté.

Depuis, des révélations embarrassantes ont toutefois affaibli la dirigeante, arrivée à la tête du musée fin 2021.

Laurence des Cars a dû reconnaître n'avoir eu connaissance d'un audit sécuritaire alarmant de 2019 qu'après le casse. À cela s'ajoute une mise en garde de la Cour des comptes, qui a récemment pointé le "report persistant" affectant le schéma directeur de sûreté, dont la mise en œuvre n'a pas encore débuté.

La gestion de la sécurité du musée au cours des dernières années a également été étrillée par l'enquête administrative lancée après le cambriolage. Entendu la semaine dernière au Sénat, Noël Corbin, un des responsables de l'enquête, a confessé avoir été "très fortement surpris" de constater qu'un musée comme le Louvre "puisse être aussi fragile".

Avec AFP