
Au lendemain de la victoire de Viktor Ianoukovitch au second tour de l'élection présidentielle, la chef du gouvernement ukrainien, Ioula Timochenko, a fait savoir qu'elle refusait de concéder sa défaite.
AFP - Le Premier ministre ukrainien Ioulia Timochenko refuse de reconnaître sa défaite et va contester le résultat de l'élection présidentielle, malgré des pressions de toutes parts, laissant présager une nouvelle période d'incertitude pour ce pays habitués aux crises.
"Je ne reconnaîtrai jamais la légitimité de la victoire de Ianoukovitch avec un scrutin pareil", a déclaré Mme Timochenko lors d'une réunion lundi soir avec son groupe parlementaire, selon l'influent journal en ligne Ukraïnska Pravda, citant des sources au sein de son parti.
Plusieurs députés du bloc Timochenko ont indiqué mardi que des plaintes allaient être déposées devant les tribunaux pour remettre en cause le résultat du vote.
"Nous allons tout faire pour prouver que cette élection a été falsifiée", a déclaré le député Sergui Sobolev à la télévision. "Nous allons au cours des deux prochains jours préparer des plaintes devant les tribunaux administratifs", a-t-il ajouté.
Mme Timochenko va d'abord tenter d'obtenir l'invalidation des résultats dans certains
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bureaux puis, en cas de succès, remettre en cause le résultat global du scrutin, a précisé une député du bloc Timochenko, Olena Choustik.
"S'il y a un verdict positif dans (plusieurs) tribunaux, alors nous contesterons le résultat global de l'élection", a-t-elle fait valoir, citée par l'agence Interfax, n'excluant pas dans ce cas un troisième tour.
L'opposant Ianoukovitch a obtenu 48,95% des suffrages dimanche contre 45,48% au Premier ministre, selon les résultats quasi-complets de l'élection publiés mardi par la Commission électorale centrale après le dépouillement de 99,95% des bulletins.
Le Premier ministre, d'habitude plus flamboyante, observe un silence total sur sa stratégie post-scrutin. Une conférence de presse prévue lundi a été reportée à mardi à une heure indéterminée.
"Les tentatives d'invalider le résultat du vote sont un moyen de pression sur le camp adverse. Timochenko tente de gagner du temps pour les marchandages politiques à venir", estime le politologue indépendant Stanislav Belkovski.
Elle est pourtant sous pression non seulement du camp de M. Ianoukovitch qui l'appelle à se comporter en "démocrate" mais aussi de la communauté internationale qui l'a invitée à s'incliner après une élection jugée "transparente et honnête".
"Le monde enterre Ioulia", jubilait mardi le quotidien pro-Ianoukovitch Segodnia.
Le journal relève toutefois que "la victoire de Ianoukovitch n'est pas définitive" tant que le nouveau gouvernement n'est pas mis en place. La partie ne s'annonce pas facile, le futur président n'ayant pas de majorité au Parlement.
Pour se débarrasser du Premier ministre Timochenko, M. Ianoukovitch devra d'abord former une nouvelle majorité au Parlement et rallier pour ceci des transfuges du camp orange (de Timochenko et du président sortant Viktor Iouchtchenko).
Il peut aussi dissoudre l'Assemblée et convoquer des législatives anticipées, un scénario mal vu par tout le monde tant le pays est fatigué des crises politiques et élections à répétition.
Le quotidien pro-Timochenko Gazeta po-Kievski note pour sa part que l'écart assez étroit entre les deux candidats - à peine 3,5 points - leur complique la vie à tous les deux.
"(Résultat) au bord de l'infarctus. Cela rabat l'orgueil du vainqueur et le perdant s'en mord les doigts", écrit le journal.
"Il serait plus logique pour Mme Timochenko de renoncer au poste de Premier ministre et de laisser ses adversaires se noyer dans la crise économique (...) Mais elle n'a pas l'habitude de renoncer au pouvoir", souligne le journal.
Quant à M. Ianoukovitch, "il s'expose à tous les vents avec une avance si insignifiante", conclut le journal.