
Des manifestants propalestiniens envahissent le parcours de la 21e et dernière étape de la Vuelta, à Madrid le 14 septembre 2025. © Guillermo Martinez, Reuters
Au lendemain de la fin chaotique de La Vuelta à Madrid, le Premier ministre espagnol a campé sur ses positions lundi 15 septembre, réaffirmant son "admiration" pour les manifestants propalestiniens ayant perturbé l'épreuve, et suggérant d'exclure d'Israël des compétitions sportives "tant que la barbarie continuerait" à Gaza.
"Nous, bien sûr, rejetons toujours la violence. Cela va de soi. Nous l'avons toujours fait. Nous ressentons, comme je l'ai dit hier, une profonde admiration et un grand respect pour nos sportifs, pour les cyclistes du Tour d'Espagne", a déclaré le chef du gouvernement espagnol lors d'une réunion avec des députés et des sénateurs socialistes.
"Mais nous ressentons également un immense respect et une profonde admiration pour une société civile espagnole qui se mobilise contre l'injustice et défend ses convictions de manière pacifique", a-t-il ajouté, reprenant des mots qu'il avait déjà utilisés dimanche matin en évoquant les manifestants propalestiniens qui ont perturbé l'épreuve cycliste quasiment tous les jours.
Boycott de l'Eurovision si Israël y participe
Le chef du gouvernement, à la tête d'une coalition de gauche, très critique à l'égard du gouvernement de Benjamin Netanyahu, n'avait pas réagi dimanche, dans la foulée de l'envahissement par des manifestants du parcours de l'ultime étape de la course cycliste, en plein Madrid, qui a contraint les organisateurs à y mettre prématurément un terme.
Mais lundi, suivant en cela des déclarations de la numéro 3 de son gouvernement, Yolanda Díaz, dès dimanche soir, il a également suggéré qu'Israël ne devrait participer à "aucune compétition internationale [...] tant que la barbarie continuerait" à Gaza, évoquant l'exemple de la Russie et des sanctions qui visent ses sportifs depuis l'invasion de l'Ukraine.
Lundi, son ministre de la Culture Ernest Urtasun a estimé que l'Espagne devrait boycotter la prochaine édition du concours Eurovision de la Chanson tant qu'Israël y participait.
Les manifestations dimanche à Madrid avaient déjà valu au chef du gouvernement espagnol de nouvelles virulentes critiques du ministre des Affaires étrangères israélien, Gidéon Saar. Il l'a accusé d'avoir "encouragé les manifestants à sortir dans les rues" et qualifié son gouvernement de "honte pour l'Espagne".
"Totalement inacceptable"
Signe que les manifestations de dimanche ont marqué les esprits, la Fédération des Communautés Juives d'Espagne (FCJE) a réagi lundi – elle était restée muette jusqu'à présent, alors que les manifestations propalestiniennes ont émaillé quasi quotidiennement La Vuelta depuis l'arrivée de la course sur le territoire espagnol.
"Toute permissivité face à la violence constitue un recul démocratique et un grave risque pour la cohésion sociale", a-t-elle fustigé, jugeant "intolérable [...] qu'on sème l'hostilité envers la communauté juive", composée de 45 000 personnes dans le pays selon elle.
Dans un pays où la cause palestinienne est très populaire, la Vuelta a été perturbée à de nombreuses reprises par des actions de militants propalestiens demandant l'exclusion de l'équipe Israel-premier Tech, provoquant parfois la chute de certains coureurs ou obligeant à raccourcir des étapes.
"Ce qu'il s'est passé est totalement inacceptable", a déploré lundi le directeur du Tour d'Espagne cycliste Javier Guillén, s'inquiétant de la bonne tenue de futures étapes du Tour de France, dont le départ se fera à Barcelone en 2026. "D'ici au Tour de France, espérons que le conflit à Gaza soit résolu", a-t-il lâché.
Avec AFP