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Au Brésil, dernière ligne droite pour le procès de l'ancien président Jair Bolsonaro
Accusés de tentative de coup d'État, Jair Bolsonaro et sept de ses anciens collaborateurs comparaissent à partir de mardi devant la Cour suprême du Brésil. L'ex-président brésilien a toutefois fait savoir qu'il n'assistera pas à la phase finale de son procès. Il risque jusqu'à 43 ans de prison.
L'ancien président brésilien Jair Bolsonaro risque plus de 40 ans de prison s'il est reconnu coupable de tentative de coup d'État. © Evaristo Sa, AFP

Un procès historique et sous très haute tension au Brésil. La Cour suprême du pays décide à partir de mardi 2 septembre de l'avenir de l'ex-président Jair Bolsonaro, qui risque plus de 40 ans de prison pour tentative de coup d'État, malgré les intenses pressions de Donald Trump.

L'ancien dirigeant d'extrême droite (2019-2022) dans le plus grand pays d'Amérique latine doit être fixé sur son sort d'ici au 12 septembre, avec sept co-accusés, dont plusieurs anciens ministres et militaires haut gradés.

Le parquet l'accuse d'être le chef d'une "organisation criminelle" ayant conspiré pour assurer son "maintien autoritaire au pouvoir", en dépit de sa défaite face au président actuel de gauche Luiz Inacio Lula da Silva lors du scrutin de 2022.

Assigné à résidence depuis début août et inéligible jusqu'en 2030, il clame son innocence et se dit victime d'une "persécution politique", à un peu plus d'un an de l'élection présidentielle de 2026.

Son procès est au cœur d'une crise sans précédent entre le Brésil et les États-Unis.

Invoquant une "chasse aux sorcières" contre son allié, le président américain Donald Trump a imposé depuis le 6 août une surtaxe punitive de 50 % sur une part des exportations brésiliennes.

Drones et caméras thermiques

Jair Bolsonaro, 70 ans, sera absent des audiences finales, qui doivent s'étaler sur cinq jours, a indiqué sa défense à l'AFP.

C'est la première fois qu'un ancien chef de l'État brésilien doit répondre de telles accusations.

Un rendez-vous historique, quarante ans après la fin de la dictature militaire (1964-1985), dont les responsables n'ont jamais été traduits en justice.

Présence policière, barrières de sécurité : à Brasilia, la sécurité a été renforcée sur l'emblématique place des Trois-Pouvoirs, où se côtoient palais présidentiel, Parlement et Cour suprême, a constaté un photographe de l'AFP.

Les autorités ont annoncé "une surveillance continue avec des équipements de dernière génération, y compris des drones dotés de caméras thermiques".

C'est sur cette place que, le 8 janvier 2023, des milliers de sympathisants bolsonaristes avaient saccagé les lieux de pouvoir, réclamant une intervention militaire pour déloger Lula. Alors aux États-Unis, Jair Bolsonaro est accusé par le parquet d'avoir été l'instigateur des émeutes.

Le projet putschiste incluait aussi, selon l'accusation, un décret d'état de siège et un plan pour assassiner Lula, son vice-président élu Geraldo Alckmin et le juge Alexandre de Moraes.

Rapporteur du procès Bolsonaro, ce juge puissant et clivant est visé par des sanctions américaines, qui l'accusent de violation des droits humains.

La possibilité d'une amnistie

L'audience de mardi doit débuter par la lecture par ce magistrat d'un rapport résumant les principaux points du dossier. Le procureur prendra ensuite la parole, suivi des avocats de chacun des huit accusés.

Le juge Moraes et quatre de ses collègues voteront ensuite pour aboutir au verdict d'ici la semaine prochaine.

L'ancien chef de l'État est notamment accusé de tentative de coup d'État et d'abolition violente de l'État démocratique de droit. Il risque jusqu'à 43 ans de prison.

En cas de condamnation, qu'il pourra contester en appel, il "est possible" qu'il soit envoyé aussitôt en prison, selon une source de la Cour suprême.

Si ses alliés estiment que Jair Bolsonaro est pratiquement condamné d'avance, ils misent sur l'approbation au Parlement d'une amnistie pour lui éviter la prison. Une condamnation devrait cependant relancer la course à sa succession à droite.

Avec une popularité renforcée par les attaques américaines, Lula, 79 ans, affiche déjà son intention de briguer un nouveau mandat, se posant en champion de la "souveraineté" brésilienne.

Il a lui-même été incarcéré en 2018-2019 pour corruption passive et blanchiment. Sa condamnation a ensuite été annulée pour vice de forme.

Avec AFP