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Le Guyana a voté pour élire son président, le dépouillement a commencé
Sur fond de tensions avec le Venezuela, les habitants du Guyana étaient appelés lundi aux urnes pour élire leurs députés et leur président. Le dépouillement a débuté dans la soirée, les résultats sont attendus à partir de jeudi.

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Un homme dépose son bulletin dans un bureau de vote pour l'élection présidentielle à Georgetown, en Guyana, lundi 1er septembre 2025. © Joaquin Sarmiento, AFP
01:27

Jamais une élection au Guyana n'aura été autant scrutée. Les Guyaniens ont voté lundi 1er septembre pour élire leurs députés et leur président, appelés à gérer l'énorme manne pétrolière de ce pays d'Amérique du Sud disposant des plus grandes réserves de brut de la planète par habitant, sur fond de tensions avec le Venezuela voisin.

"Les bureaux ont probablement tous fermé et procèdent au dépouillement", a affirmé vers 20 heures (minuit GMT) Yolanda Ward, la porte-parole de la commission électorale (Gecom), soulignant que les bureaux sont tenus de rester ouverts là où il y a une queue. "La journée s'est bien passée" malgré quelques petits incidents, a-t-elle ajouté.

Les résultats sont attendus au mieux jeudi, avait annoncé Gecom dimanche. Ces élections sont complexes d'un point de vue logistique, la forêt tropicale recouvrant à plus de 95 % ce pays de 850 000 habitants.

"Jusqu'ici tout va bien", a estimé Mike Singh, observateur de Transparency International, estimant toutefois que l'attente jusqu'à jeudi des résultats était une "recette pour un désastre".

Tensions avec le Venezuela

Les relations avec le voisin vénézuélien et le thème de l'Essequibo, région riche en pétrole revendiquée par Caracas, ont fait irruption dans la journée de vote.

Le président sortant et candidat à sa succession Irfaan Ali a notamment apporté lundi son soutien au déploiement militaire des États-Unis dans les Caraïbes. "Nous soutiendrons tout ce qui permettra d'éliminer toute menace à notre sécurité (...) Nous devons tous nous unir pour combattre la criminalité transnationale, lutter contre le trafic de drogue", a-t-il affirmé à des journalistes juste après avoir voté à Leonora.

Dimanche soir, le Guyana avait dénoncé des coups de feu tirés depuis le Venezuela sur un de ses bateaux. "Les forces de sécurité sont en état d'alerte maximale. Elles sont prêtes. Nous en avons parlé tout au long de la campagne : le Venezuela est une menace", a insisté le président.

Le ministre vénézuélien de la Défense, Vladimir Padrino Lopez, a dénoncé "un fake" et accusé le Guyana de vouloir ouvrir un "front de guerre".

Interrogé sur la possibilité d'évincer le président vénézuélien Nicolas Maduro du pouvoir, Irfaan Ali a dit ne pas vouloir "aborder ce sujet aujourd'hui", jour de "vote pour la victoire".

Un scrutin à un tour avec trois favoris

Selon la plupart des observateurs, trois favoris se détachent : Irfaan Ali (Parti populaire Progressiste PPP/C, centre gauche), l'opposant Aubrey Norton (APNU, Partenariat pour une nouvelle unité, gauche) et le populiste Azruddin Mohamed, parfois surnommé le "Trump Guyanien", un milliardaire qui vient de créer son parti WIN (Gagner/Nous investissons dans la nation) pour bouleverser le système bipartite.

Le vote se dessine traditionnellement autour des lignes ethniques entre les populations d'origine indienne (PPP/C) et celles afro-guyaniennes (APNU).

"À moins d'irrégularités, je pense que je serai" le prochain président, a affirmé lundi à l'AFP Aubrey Norton, en sortant du bureau de vote de Plaisance, bastion de son mouvement. "Nous avons travaillé dur pour mobiliser les gens", a poursuivi le candidat, qui, pendant la campagne électorale, a promis "de débarrasser la société du PPP et de la pauvreté".

"C'est la première fois (que je vote). J'ai voté pour Norton. Parce qu'il est l'un des meilleurs responsables politiques. J'attends avec impatience le meilleur pour le Guyana", a dit Grace Miller, 21 ans, qui a déposé son bulletin de vote avec son bébé dans les bras.

Azruddin Mohamed, qui a fait fortune dans l'or et est sanctionné par les États-Unis pour évasion fiscale, promet de donner un coup de pied dans la fourmilière. Il affirme pouvoir l'emporter "parce que nous avons le soutien des communautés noires, indiennes et autochtones".

Le scrutin est à un tour. Est élu chef de l'État le candidat dont le parti a recueilli le plus de voix. Il peut en théorie donc être en minorité au Parlement.

Le vainqueur gérera la manne pétrolière qui a permis de quadrupler en cinq ans le budget de l'État (6,7 milliards de dollars en 2025) avec la plus forte croissance économique d'Amérique latine (43,6 % en 2024). Le Guyana, qui a commencé l'exploitation pétrolière en 2019, espère faire passer sa production de 650 000 barils par jour à plus d'un million en 2030.

Avec AFP