Regain de tensions entre Pékin et Washington. Après l'affaire des ventes d'armes à Taïwan, c'est l'annonce d'une rencontre entre le président américain, Barack Obama, et le dalaï-lama qui menace d'embraser les relations entre les deux pays.
Malgré les menaces proférées par Pékin, le président américain, Barack Obama, a confirmé qu’il rencontrerait le dalaï-lama lors de la visite de ce dernier aux Etats-Unis à la mi-février. Bien que l’actuel locataire de la Maison Blanche ne soit pas le premier chef de l’Etat américain à recevoir le leader spirituel tibétain, qui avait notamment été reçu par George W. Bush, la tension provoquée par l'affaire est de plus en plus palpable.
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Libre échange, taux de change, censure sur Internet, droits de l'Homme, vente d’armes à Taïwan… La Chine et les Etats-Unis, première et troisième économies mondiales, ont multiplié, ces dernières semaines, les sujets de discorde.
Après s’être montré plutôt conciliant, Washington se veut désormais plus ferme depuis le manque de coopération affiché par la Chine lors du sommet de Copenhague et, surtout, le différend entre Google et Pékin qui a obligé Hillary Clinton à hausser le ton.
"Il est probable qu’il y ait eu, jusqu'à présent, une hésitation des Etats-Unis vis-à-vis de la Chine. C'est maintenant tranché. Si Hillary Clinton s’est montrée plus dure qu’Obama lors de leur visite en Chine en novembre dernier, le président s’est aligné aux côtés de Clinton", explique à FRANCE 24 Jean-Luc Domenach, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales (Ceri).
La vente d’armes à Taïwan met le feu aux poudres
L’annonce des ventes d’armes à Taïwan, considérée comme une province "rebelle" par la Chine, avait déjà passablement irrité Pékin la semaine dernière. "Les entreprises américaines impliquées ont ignoré l’opposition de la Chine et persistent à vouloir vendre des armes à Taïwan. La Chine imposera des sanctions adéquates aux entreprises qui vendront des armes à Taïwan", avait indiqué le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Ma Zhaoxu.
L’initiative américaine a également suscité l’ire de la presse chinoise. Le "Renmin Ribao Haiwaiban", organe du Parti communiste chinois, n’a pas hésité à dénoncer "une mentalité de guerre froide et une hypocrisie totale", comme l’a relevé le "Courrier international".
A ce dossier viennent s'ajouter les divergences concernant l'enrichissement nucléaire iranien. Alors que les pays occidentaux réclament plus de sanctions contre l’Iran, la Chine persiste à vouloir régler le conflit par la négociation.
"C’est l’Empire contre-attaque ! Après les Jeux olympiques, la France a été la première à faire les frais de l’arrogance chinoise. Les Chinois perdent un peu la tête et ils se croient arrivés en finale, explique Jean-Luc Domenach. Mais les Etats-Unis sont en train de rappeler que c’est eux la grande puissance !"
Un virement stratégique ?
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Il y a encore deux mois, l’administration Obama se vantait pourtant d’un dialogue prometteur avec la Chine, se complaisant dans l’évocation d’un "G2" sino-américain.
A son arrivée à la Maison Blanche, le président américain s’était montré extrêmement prudent dans sa relation avec la Chine, refusant d’aborder avec elle la question des droits de l’Homme ou de recevoir le leader spirituel tibétain.
"Je sais bien que les gens se posent des questions sur l’attitude américaine face à la montée en puissance de la Chine. Il faut répondre qu’on ne doit pas craindre la réussite des autres", avait affirmé le chef de l’Etat américain, en novembre dernier.
De nombreuses analyses réfutent toutefois l’hypothèse du changement stratégique, tant les économies des deux pays sont interdépendantes. Washington continue d’avoir besoin de Pékin pour venir à la rescousse de son déficit évaluée, en octobre dernier, à 1 414 milliards de dollars, soit environ 10 % du produit intérieur brut (PIB) américain.