Depuis le 13 janvier, Google refuse de collaborer avec les censeurs chinois. Résultat : le moteur de recherche américain pourrait être obligé de quitter la Chine. Google dénonce les cyberattaques massives contre les comptes gmail de cyberdissidents. Ces derniers témoignent aujourd'hui de leur indignation.
En novembre dernier, Ai Weiwei, célèbre artiste et dissident, a eu une mauvaise surprise en ouvrant ses mails. Tous ses messages ont été transférés vers une adresse inconnue. Depuis qu’il milite pour les droits des familles victimes du séisme dans le Sichuan, le designer du stade olympique de Pékin est souvent harcelé par les autorités. Mais il retient surtout le geste de Google, qui a prévenu ses usagers contre le piratage de leur boîte gmail. « Bien sûr, cela aura des conséquences sur mes activités. Mais le plus important, c’est que Google a rappelé aux Internautes leurs droits, qu’ils doivent se protéger et défendre la liberté véhiculée par ce droit à la vie privée sur Internet… »
Aujourd’hui, certains bloggeurs activistes s’organisent pour lutter contre ce piratage. A l’image de Zhou Shuguang, une autre star de la blogosphère chinoise. Il dispense des formations à l’utilisation d’Internet et à la protection des données personnelles. « Comme je n’utilise pas le même mot de passe pour tous mes comptes, que ce soit sur gmail ou sur les réseaux sociaux, j’empêche déjà le gouvernement de pirater ma boîte mail, explique le bloggeur. Je fais aussi très attention à ne pas utiliser des ordinateurs non sécurisés quand j’ouvre mon compte. Et surtout, je change tous les deux ou trois mois mon mot de passe sur gmail… »
En justifiant son refus de la censure chinoise par le piratage de gmail, Google a réussi un joli coup… Tout le monde en parle comme le défenseur d’un Internet libre, contrairement à son rival Yahoo, accusé d’avoir permis l’arrestation de cyberdissidents.
Côté gouvernement chinois, c’est l’indignation. Pékin dénonce une campagne politique qui utilise le prétexte de la liberté sur Internet pour dénigrer la Chine. « Pour l’instant, il n’y a aucune preuve formelle que le gouvernement chinois soit à l’origine des cyberattaques contre Google, dénonce Kuang Wenbo, professeur de journalisme en ligne à la Renmin University de Pékin. Je pense aussi que le gouvernement n’a pas besoin de mener ce genre d’attaques. Les déclarations de Google sont de pures suppositions sans fondement. »
Une chose est sûre : parmi les activistes de la blogosphère chinoise, on salue le panache de Google. Mais personne ne se fait d’illusion quand à une fin prochaine de la censure d’Internet en Chine.
Emission préparée par Patrick Lovett, Kate Williams et Marie Billon