logo

Ahmadinejad se dit prêt à faire enrichir de l'uranium à l'étranger

En se disant favorable à un transfert d'uranium à l'étranger, Mahmoud Ahmadinejad a ouvert la voie à un compromis dans le dossier du nucléaire iranien. Téhéran doit en informer l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), juge Washington.

REUTERS - Mahmoud Ahmadinejad s'est dit prêt mardi à transférer à l'étranger la majeure partie de l'uranium iranien faiblement enrichi, conformément au compromis avancé pour dissiper les craintes suscités par le programme nucléaire de Téhéran.

Le président iranien semble donc avoir renoncé aux conditions posées jusqu'ici à la mise en oeuvre du projet, qui consiste à transférer 70% de cet uranium en Russie puis en France pour qu'il y soit converti en combustible nucléaire afin d'alimenter un réacteur de recherches médicales de Téhéran.

Ce compromis réduirait considérablement la marge de manoeuvre de la République islamique dans le domaine militaire et dissiperait les soupçons des puissances occidentales.

"Nous n'avons aucun problème pour envoyer notre uranium enrichi à l'étranger", a dit Mahmoud Ahmadinejad à la télévision nationale.

"Nous disons que nous vous donnerons notre uranium enrichi à 3,5% et que nous obtiendrons le combustible, ce qui pourrait prendre quatre à cinq mois.

"Si nous envoyons notre uranium enrichi à l'étranger et qu'ils ne nous donnent pas de l'uranium enrichi à 20% pour notre réacteur, nous sommes capables de le produire en Iran", a-t-il ajouté.

Manouchehr Mottaki, chef de la diplomatie iranienne, a par ailleurs indiqué que l'échange pourrait avoir lieu en Turquie, au Brésil ou au Japon en cas d'accord.

"Si l'Iran a quelque chose de neuf à dire, nous sommes prêts à l'entendre", a commenté un membre du gouvernement américain.

"Nous avons fait une offre de bonne foi et équilibrée en ce qui concerne le réacteur de recherches", a en outre déclaré Mike Hammer, porte-parole de la Maison blanche. "Nous estimons qu'il fait sens pour toutes les parties. Si les propos de M. Ahmadinejad reflètent un changement d'attitude, nous sommes impatients que l'Iran en informe l'AIEA", a-t-il ajouté.

"Techniquement capable"

Après en avoir accepté le principe, le 1er octobre dernier à Genève, Téhéran a émis des réserves au sujet du compromis de l'AIEA et réclamé de plus amples discussions.

Brandissant la menace de nouvelles sanctions, les Etats-Unis et leurs alliés européens attendaient une réponse formelle avant la fin de l'année 2009.

Cette réponse aurait été remise en janvier à l'AIEA, aux Etats-Unis, à la France et à la Russie, disaient-on dans les milieux diplomatiques, ajoutant qu'elle ne faisait que reprendre les réserves exprimées depuis deux mois par Téhéran.

Manoucherh Mottaki et Yukiya Amano, directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), ont toutefois assuré la semaine dernière que le dialogue se poursuivait.

"Pour nous, l'essentiel est de parvenir à un accord sur l'échange de combustible", a expliqué le ministre iranien des Affaires étrangères dans un entretien accordé à la chaîne de télévision turque TRT. "Si nous parvenons à un accord sur cette formule, nous pourrons ensuite parler du lieu (...) La Turquie, le Brésil ou le Japon peuvent faire l'affaire", a-t-il ajouté.

Le directeur du renseignement américain, Dennis Blair, a par ailleurs remis mardi au Congrès un rapport dans lequel il estime que l'Iran a la possibilité de mettre au point des armes nucléaires et que la principale inconnue porte sur sa "volonté politique" de le faire.

Selon Blair, l'Iran est "techniquement capable" de produire suffisamment d'uranium hautement enrichi pour une arme nucléaire dans "les prochaines années, s'il choisit de le faire".

"Les progrès techniques de l'Iran, notamment dans l'enrichissement de l'uranium, confortent notre évaluation de 2007 selon laquelle ce pays a la capacité scientifique,
technique et industrielle de produire à terme des armes nucléaires. La question essentielle est donc de savoir s'il a la volonté politique de le faire", écrit Blair.